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Vivre plus d’un siècle sans tomber malade : une découverte qui pourrait bouleverser notre rapport au vieillissement

Que se passe-t-il dans le corps d’une femme qui a traversé 117 ans sans jamais connaître les grandes maladies liées à l’âge ? C’est la question vertigineuse que soulève le cas de Maria Branyas Morera, doyenne catalane étudiée par des chercheurs espagnols. Son organisme semble défier les lois du vieillissement, et il remet en cause notre manière de penser la santé après 100 ans.

Illustration scientifique en gros plan représentant une double hélice d’ADN en bleu.
L’ADN, clé du vivant, conserve des secrets qui pourraient éclairer l’origine de la vie sur Terre – DailyGeekShow.com

Comment Maria Branyas a vécu 117 ans sans maladies majeures

À 117 ans et 168 jours, Maria Branyas Morera n’a pas seulement battu des records. Elle a aussi défié toutes les prédictions médicales. Pas de cancer, pas d’infarctus, pas de démence.

Son profil unique a attiré l’attention des chercheurs de l’Institut Josep Carreras contre la leucémie. Ils ont alors mené une analyse inédite : génome, épigénome, microbiome. Rien n’a été laissé au hasard.

Le résultat est fascinant. Maria n’était pas une exception « magique ». Son corps portait bien les traces du temps, mais il a su ralentir ou éviter les dérives pathologiques que connaissent la plupart d’entre nous dès la soixantaine. Voilà une piste qui pourrait ouvrir de nouvelles voies à la médecine préventive.

Pour replacer les choses, rappelons que l’espérance de vie moyenne en Espagne dépasse à peine 83 ans. La probabilité d’atteindre 110 ans est déjà infime. Alors 117 ans, et en bonne santé, cela paraît presque un miracle statistique. Pourtant, ce « miracle » semble plutôt être une combinaison de facteurs biologiques bien réels.

Quels secrets biologiques expliquent sa résistance au vieillissement

Les chercheurs ont scruté ses cellules avec attention. Premier constat : aucune mutation génétique rare responsable de maladies dégénératives. Son âge biologique, mesuré grâce à la méthylation de l’ADN, restait cohérent avec son âge chronologique. Autrement dit, son organisme vieillissait, mais sans dérive accélérée.

Deuxième constat : une hématopoïèse clonale très limitée. Ce phénomène est souvent associé à un risque accru de cancer ou de troubles cardiovasculaires.

Chez Maria, il est resté étonnamment stable. Quant à son transcriptome – l’ensemble des gènes activés dans ses cellules, il ressemblait à celui d’une personne active de 80 ou 90 ans. Une performance remarquable qui mérite d’être soulignée.

Enfin, son microbiote intestinal affichait une signature anti-inflammatoire digne d’un adulte jeune. On y trouvait beaucoup de bactéries bénéfiques et très peu de germes opportunistes. Cet équilibre fragile aurait pu protéger Maria contre les inflammations chroniques.

Or, ces inflammations sont souvent liées au déclin cognitif et immunitaire. Aujourd’hui, on sait que l’intestin joue un rôle central dans la santé globale. Le cas de Maria en est une démonstration éclatante.

Les chercheurs soulignent également que son profil biologique diffère de celui d’autres centenaires « moyens ». Cela laisse penser qu’il existe plusieurs façons de vieillir, certaines bien plus favorables que d’autres.

Pourquoi sa longévité repose sur un équilibre global

L’étude montre qu’il n’existe pas un seul secret de longévité. C’est plutôt un ensemble de facteurs biologiques qui interagissent.

Maria n’était pas immortelle, mais son organisme a réussi à maintenir un équilibre entre génétique, régulation cellulaire et flore intestinale. Et cela, bien au-delà de la moyenne.

Ainsi, vieillir ne signifie pas forcément accumuler des maladies. Certaines trajectoires de vieillissement sont « réussies », car le corps résiste, compense et s’adapte. Comprendre ces mécanismes, c’est peut-être imaginer une nouvelle médecine de l’anticipation. Celle-ci permettrait d’identifier très tôt les profils à risque, mais aussi ceux naturellement protégés.

Ce point est crucial. En effet, si l’on parvient à détecter tôt les individus capables de vieillir sans pathologies graves, on pourra comparer leurs caractéristiques avec celles de profils plus fragiles. Cette comparaison pourrait alors révéler des pistes inédites pour renforcer notre résistance naturelle aux maladies.

Ce que cette découverte change pour la médecine préventive

Les chercheurs le répètent avec insistance : le cas de Maria Branyas Morera ne sert pas seulement à alimenter les records du Guinness. Il pourrait devenir un outil précieux pour la médecine préventive.

Plutôt que d’attendre l’apparition des maladies, il serait possible, grâce aux biomarqueurs, de détecter des tendances protectrices ou alarmantes dès le milieu de vie.

Imaginez un futur où un simple test sanguin, couplé à une analyse du microbiote, permettrait de prédire votre trajectoire de vieillissement.

Non pas pour inquiéter inutilement, mais pour ajuster votre mode de vie et vos soins médicaux avant l’apparition des premiers symptômes. Une révolution silencieuse, mais décisive.

Cette vision en est encore à ses débuts. Toutefois, elle ouvre une perspective enthousiasmante : une médecine qui répare moins et anticipe plus. En clair, apprendre de ces longévités exceptionnelles pour permettre à chacun de vivre plus longtemps, et surtout, en meilleure santé.

Si Maria Branyas Morera est entrée dans l’histoire pour son âge, elle pourrait aussi y rester pour ce qu’elle aura appris à la médecine du futur. Et c’est peut-être cela, son héritage le plus précieux.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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