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Les villes fantômes en Chine posent un problème climatique bien plus grave qu’on ne le pensait

En plus de représenter une menace pour l’économie, ces logements vides aggravent également les défis environnementaux

Ville Fantome Chine
— © Bjoertvedt / Wikimedia Commons

Au cours des 50 dernières années, la Chine a construit environ 500 nouvelles villes pour accompagner son essor économique. Cependant, une grande partie de ces bâtiments restent inoccupés. En 2021, plus de 17 % des logements urbains construits depuis 2001 étaient vides, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Certaines estimations suggèrent qu’il y aurait entre 20 et 65 millions de logements vacants dans le pays, soit de quoi loger des populations entières. Cette situation pose un problème économique majeur, mais aussi un problème environnemental.

Un impact carbone comparable à celui de certains pays

Une étude récente publiée dans Nature Communications met en lumière l’empreinte carbone des logements inoccupés en Chine. Selon les chercheurs, ces bâtiments génèrent annuellement 55,81 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Ce chiffre représente 6,9 % des émissions du secteur résidentiel chinois, soit plus que les émissions totales de pays comme le Portugal ou la Mongolie.

L’empreinte carbone de ces logements provient de deux sources principales. Premièrement, la fabrication des matériaux de construction – ciment, acier et autres composants – émet d’importantes quantités de CO₂. Chaque mètre carré construit produit des centaines de kilogrammes de dioxyde de carbone.

Deuxièmement, ces logements consomment de l’énergie, même lorsqu’ils sont vides. Dans les régions du nord de la Chine, où le chauffage central est généralisé, de nombreux appartements inoccupés sont chauffés inutilement, entraînant un gaspillage énergétique massif, équivalent aux émissions d’un pays de taille moyenne en 2020.

Ville Fantome
© Fayhoo / Wikimedia Commons

Une spéculation immobilière aux effets pervers

L’urbanisation rapide et le développement économique de la Chine ont transformé le pays en une superpuissance économique, sortant des millions de personnes de la pauvreté. Entre 2001 et 2020, la Chine a construit 11,47 milliards de mètres carrés de logements urbains, représentant près de la moitié de la construction mondiale durant cette période. Ce développement visait à attirer les habitants des zones rurales vers les grandes villes.  

Toutefois, cette urbanisation rapide s’est accompagnée d’un boom de l’investissement immobilier. Les logements ont été considérés comme des actifs financiers plutôt que comme des résidences, alimentant une bulle spéculative. Cette situation rappelle des crises immobilières passées, comme celle des États-Unis avant 2008 ou du Japon dans les années 1980, où l’effondrement du marché a laissé derrière lui un chaos économique.

Cependant, l’étude ne se concentre pas sur les risques financiers, mais sur l’impact environnemental de ces logements inoccupés. Grâce à une méthode d’apprentissage profond, les chercheurs ont analysé plus d’un million d’annonces immobilières dans 56 grandes villes chinoises. En classifiant les logements selon leur niveau d’occupation, ils ont confirmé que 17,4 % des logements construits entre 2001 et 2018 n’avaient jamais été habités.

Un problème unique à la Chine

Bien que l’inoccupation des logements ne soit pas un problème exclusivement chinois, la situation du pays est unique. Aux États-Unis, le taux d’inoccupation tourne autour de 11 à 12 %, mais cela inclut des résidences secondaires ou temporairement vacantes. Le Japon fait face à un problème similaire en raison de son vieillissement démographique. En Europe, des pays comme l’Espagne et l’Italie comptent également de nombreuses résidences saisonnières inoccupées.

Ce qui distingue la Chine, c’est que la majorité de ses logements inoccupés ont été construits récemment et ne résultent pas d’un déclin démographique, mais d’une construction excessive et mal planifiée. De plus, ces logements sont toujours nécessaires pour accompagner l’urbanisation en cours. Les logements vides sont particulièrement répandus dans les villes de taille moyenne. Alors que des métropoles comme Pékin ou Shanghai enregistrent des taux d’inoccupation inférieurs à 10 %, des villes comme Xi’an ou Chongqing comptent jusqu’à 25 % de logements inoccupés.

Outre leurs implications économiques, les logements vides représentent un défi écologique important. Si la Chine souhaite réduire son empreinte carbone et améliorer l’efficacité de son secteur résidentiel, elle doit s’attaquer à ce problème de manière proactive. L’une des solutions les plus évidentes serait l’instauration d’une taxe sur les logements vacants. Une telle mesure découragerait la spéculation et inciterait les propriétaires à vendre ou louer leurs biens. Certaines municipalités pourraient également encourager la conversion des logements inutilisés en résidences abordables ou en logements sociaux. Bien que ces solutions nécessitent une mise en œuvre complexe, elles ne sont pas impossibles. 

Par ailleurs, voici 10 villes fantômes à travers le monde qui vous feront voyager dans le temps.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: ZME Science

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