Sur la principale île de l’archipel des Tonga, des archéologues ont cartographié les vestiges d’un réseau urbain perdu depuis longtemps, et largement antérieur à l’arrivée des colons européens.
Des cités établies il y a 1 700 ans
Détaillée dans le Journal of Archaeological Method and Theory, cette découverte a impliqué la technologie LIDAR aéroportée. En calculant le temps que mettent des impulsions laser pour se répercuter sur les objets environnants ou le sol et revenir à l’émetteur, les chercheurs peuvent déterminer précisément l’élévation du sol, et ainsi détecter d’anciennes infrastructures humaines « cachées ».
Le réseau urbain récemment identifié présente des similitudes avec ceux trouvés en Amérique du Sud (nombreux monticules de terre, vastes routes, fortifications et structures communautaires). Les datations réalisées ont montré que ces anciennes cités étaient largement antérieures à l’arrivée des Européens sur l’île de Tongatapu (1773).
« Ces structures en terre ont été construites vers 300 de notre ère, soit 700 ans plus tôt que ce que l’on estimait auparavant » explique l’archéologue Phillip Parton, de l’université nationale australienne. « Au fur et à mesure que les colonies se sont développées, elles ont dû trouver de nouveaux moyens de subvenir aux besoins de cette population croissante. Cette urbanisation à faible densité a déclenché d’énormes changements sociaux et économiques, poussant les habitants de la région à interagir davantage. »
Long-Lost Remains Of Ancient City In South Pacific Rewrite Historyhttps://t.co/qctgRq7Uj1
— IFLScience (@IFLScience) April 16, 2024
« Lorsque l’on évoque les premières villes, on pense généralement aux cités européennes traditionnelles, à l’habitat compact et aux rues pavées », poursuit le chercheur. « Il s’agissait d’établissements bien différents. »
Les ravages de la colonisation
Globalement, ces découvertes réfutent une nouvelle fois l’idée que le développement de sociétés humaines complexes dans le Pacifique Sud soit étroitement lié à la colonisation. Comme elle l’avait fait quelques siècles plus tôt en Amérique, cette dernière aurait précipité le déclin des premières cités tongiennes.
« Elles ne se sont pas effondrées parce que le système était défaillant, mais plutôt à cause de l’arrivée des Européens et des maladies qu’ils ont introduites », conclut Parton.