Si la sonde Voyager 2 a depuis longtemps quitté notre Système solaire pour explorer l’espace interstellaire, les scientifiques continuent de réaliser des découvertes en analysant les données qu’elle a recueillies lors de son survol des différentes planètes qui le composent.
Cette gigantesque bulle magnétique siphonne l’atmosphère d’Uranus
Publiée dans la revue Geophysical Research Letters, cette nouvelle analyse de données vieilles de 30 ans réalisée par des chercheurs de l’agence spatiale américaine, a révélé que la planète Uranus était entourée d’une gigantesque bulle magnétique (400 000 kilomètres de diamètre), siphonnant littéralement son atmosphère gazeuse et la rejetant dans l’espace. Loin d’être anodine, la perte d’atmosphère peut avoir un effet profond sur le développement d’une planète.
Les scientifiques estiment par exemple que Mars était au départ une planète recouverte d’océans semblable à la Terre, mais que la planète a perdu son atmosphère au fil du temps. « Mars était à l’origine une planète humide avec une atmosphère épaisse », a déclaré Gina DiBraccio, physicienne spatiale au centre Goddard de la NASA et membre du projet MAVEN (Mars Atmosphere and Volatile Evolution). « Elle a évolué au fil du temps pour devenir la planète aride que nous connaissons aujourd’hui. »
« Une planète vraiment unique »
La perte atmosphérique d’Uranus est due à son étrange champ magnétique, dont les pôles nord et sud sont inclinés à 60 degrés par rapport à l’axe de rotation de la planète glacée. Ce qui signifie que sa magnétosphère, région entourant un objet céleste dans laquelle les phénomènes physiques sont dominés ou régis par son champ magnétique, vacille lorsqu’elle se déplace, ce qui la rend très difficile à modéliser et fait d’Uranus « une planète vraiment unique », selon DiBraccio.
En raison de l’ondulation de la magnétosphère d’Uranus, des pans d’atmosphère sont drainés dans ce que l’on appelle des plasmoïdes, bulles massives de plasma pouvant, à la manière d’une larme, se détacher de l’extrémité de la gaine magnétique entourant une planète, et à même d’extraire des particules chargées de l’atmosphère d’une planète et de les envoyer dans l’espace. Bien que de telles structures aient été observées pour la Terre ou d’autres planètes, il s’agit d’une première pour la géante glacée.
Afin de mieux comprendre comment ce phénomène a façonné Uranus au fil du temps, les chercheurs compter rassembler davantage d’observations du champ magnétique. Mais il faudra pour cela qu’une sonde s’aventure à nouveau à proximité de la planète.
Par Yann Contegat, le
Source: Digital Trends
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