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Une tempête de grêle dévaste 200 km dans le sud du Canada : une cicatrice géante visible depuis l’espace

Orage spectaculaire au Canada avec plusieurs éclairs illuminant le ciel sombre au-dessus d’un champ de colza.
Une tempête dévastatrice frappe le Canada avec des rafales dépassant les 200 km/h et des éclairs impressionnants – DailyGeekShow.com

Des images satellites qui révèlent l’ampleur du désastre

Le 20 août 2025, une tempête de grêle a frappé le sud de l’Alberta avec une intensité telle qu’elle a laissé une trace visible depuis l’espace. Retour sur un phénomène météorologique extrême, digne d’un épisode de « C’est pas sorcier », qui illustre la vulnérabilité d’une région surnommée Hailstorm Alley.

Imaginez : une bande beige de 200 kilomètres de long et près de 15 kilomètres de large traversant les prairies vertes de l’Alberta. Ce n’est ni une rivière asséchée ni une nouvelle autoroute.

C’est la cicatrice météorologique laissée par des grêlons gros comme des balles de golf. Les satellites Terra et Aqua de la NASA, équipés des capteurs MODIS, ont immortalisé l’événement le 24 août, seulement quatre jours après l’orage.

La maturité des cultures de blé et de canola accentuait le contraste : les zones touchées apparaissaient brunes, presque calcinées, au milieu de la végétation intacte. La chercheuse Michala Garrison souligne que la largeur inhabituelle de cette trace en fait l’une des plus marquantes jamais observées.

D’ailleurs, ces observations aident aussi les chercheurs à documenter précisément l’intensité de ces tempêtes.

– NASA/AQUA/MODIS

Comprendre la mécanique des supercellules pour mieux s’y préparer

Pour expliquer cette déferlante, il faut plonger dans la mécanique des supercellules orageuses, les plus violentes de toutes. L’Alberta, coincée entre les Rocheuses et les Grandes Plaines, constitue un véritable laboratoire météorologique.

En été, l’air chaud et humide qui s’élève du sol rencontre l’air froid venu des hauteurs. Ce contraste provoque des courants ascendants capables de propulser les gouttelettes d’eau si haut qu’elles gèlent instantanément.

Les grêlons grossissent ainsi à chaque aller-retour dans la cellule orageuse. Lorsqu’ils deviennent trop lourds, ils chutent avec une violence inouïe. Le 20 août, certains atteignaient 5 centimètres de diamètre.

De plus, des rafales de 149 km/h, plus puissantes qu’un ouragan de catégorie 1, accompagnaient la chute des grêlons. C’est pour cette raison que cette zone, entre Calgary et Medicine Hat, porte le surnom de Hailstorm Alley.

Protéger les habitants et les récoltes face à ces tempêtes destructrices

Bien que les images satellites soient spectaculaires, la réalité au sol reste bouleversante. Les champs de luzerne, blé et canola ont été pulvérisés dans certaines zones, ce qui a laissé des agriculteurs démunis. Les premières estimations évoquent des pertes de dizaines de millions de dollars.

Les témoignages glacent autant que la tempête elle-même. Colleen Foisy, habitante de Brooks, raconte : « Ma clôture a été arrachée de ses fondations.

Mon camion tout neuf est criblé de bosses. Mon jardin est méconnaissable. » De son côté, Curtis Harbinson, éleveur, s’est réfugié dans son tracteur au milieu du champ : « Quand je suis sorti, il n’y avait plus une vitre intacte. On ramasse encore du verre. »

Les compagnies d’assurance, déjà fragilisées par un orage en juillet, croulent sous les déclarations. Sur les cinq dernières années, les dégâts liés à la grêle en Alberta dépassent désormais les 6 milliards de dollars.

Pour limiter les pertes, certains agriculteurs investissent dans des filets anti-grêle tandis que d’autres renforcent leurs assurances climatiques. En parallèle, des associations locales plaident pour une meilleure information préventive auprès des habitants.

Anticiper le climat de demain grâce à la recherche scientifique

Cette tempête ne constitue pas un cas isolé. Les chercheurs du Northern Hail Project rappellent que ces événements deviennent plus fréquents et plus intenses. En effet, le réchauffement climatique, en modifiant les équilibres thermiques, risque de rendre les supercellules encore plus destructrices.

Ainsi, la cicatrice beige captée depuis l’espace devient plus qu’une curiosité scientifique : un symbole des défis à venir. Comment protéger les cultures ? Que faire pour adapter les infrastructures ?

Pouvons-nous limiter les pertes humaines et économiques ? Autant de questions qui résonnent bien au-delà de l’Alberta. La solution passe par une prévision météorologique améliorée, une coopération renforcée entre chercheurs et assureurs, mais aussi des mesures d’adaptation agricole plus innovantes.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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