Un trésor antique refait surface. En juin dernier, des archéologues ont sorti de l’eau 22 blocs massifs du phare d’Alexandrie, l’une des sept merveilles du monde antique. Ces pierres géantes, immergées depuis plus de 1 600 ans, vont permettre une reconstitution numérique de l’édifice légendaire.

Pourquoi remonter ces blocs géants du phare ? Pour les étudier et les modéliser
Chaque bloc pèse entre 70 et 80 tonnes. Parmi eux, on trouve des linteaux, des dalles de fondation, et même un pylône inédit, à la porte de style égyptien mais de conception grecque.
C’est une découverte exceptionnelle. Ces pierres ne sont plus simplement visibles sous l’eau : elles sont désormais manipulables à la surface.
Cette opération s’inscrit dans le cadre du programme Pharos, dédié à la reconstitution numérique du phare. Grâce aux scans 3D réalisés par Dassault Systèmes, les chercheurs peuvent tester des hypothèses sur sa construction, sa structure et même les causes de son effondrement.
Comment la modélisation numérique redonne vie au phare disparu
Ces 22 blocs viendront enrichir les données déjà récoltées il y a dix ans lors d’une première numérisation sous-marine. Mais cette fois, l’étude sera bien plus poussée.
Les scientifiques vont pouvoir analyser chaque pierre en détail et les replacer virtuellement dans la structure globale du phare.
Le jumeau numérique du monument offrira une nouvelle manière de découvrir l’architecture et les secrets du phare. Il permettra de visualiser l’édifice tel qu’il était à l’origine, et d’en comprendre les mécanismes, comme son fameux système de miroirs réfléchissants qui guidait les navires.
Pourquoi ces fouilles relancent l’exploration trente ans après

Le grand tournant a eu lieu en 1994, lorsque l’archéologue Jean-Yves Empereur a lancé des fouilles systématiques dans le port d’Alexandrie.
Plus de 3 000 éléments y ont été identifiés : statues, sphinx, obélisques, mais surtout, de nombreux blocs du phare. Ils reposaient à seulement quelques mètres de profondeur, entre 2,6 et 9 mètres.
Pourtant, les recherches sur le phare avaient débuté bien plus tôt, dans les années 1960. Il aura fallu plus de 30 ans pour que la technologie permette une exploration à la hauteur de l’enjeu. Aujourd’hui, les efforts conjoints du CNRS et de Dassault Systèmes marquent une nouvelle étape vers la reconstitution fidèle de ce joyau architectural.
Comment le phare d’Alexandrie a guidé les marins pendant plus de 1 600 ans
Construit vers 280 avant J.-C. sur l’île de Pharos, sous les règnes de Ptolémée I et II, le phare atteignait entre 100 et 130 mètres de hauteur. Grâce à un feu alimenté en continu et un système de miroirs, il guidait les navires jusqu’au port égyptien. Véritable prouesse d’ingénierie, il est resté en activité pendant plus de 1 600 ans.
Malheureusement, plusieurs séismes successifs, entre le Xe et le XIVe siècle, ont fini par le faire sombrer. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies, le phare d’Alexandrie s’apprête à renaître — virtuellement, mais avec une fidélité impressionnante.
Ce projet fait bien plus que reconstituer des pierres. Il redonne une seconde vie à un monument disparu, tout en reconnectant notre présent à la grandeur de l’histoire ancienne.
Par Eric Rafidiarimanana, le