
Mark Zuckerberg veut construire une superintelligence capable de s’améliorer sans limites. Mais cette promesse s’inscrit dans un contexte déjà alarmant : suppression de milliers d’emplois débutants, consommation d’eau excessive… Voici pourquoi cette vision inquiète davantage qu’elle n’inspire.
L’IA de Zuckerberg menace l’emploi des jeunes et aggrave la crise de l’eau
La situation actuelle de l’IA n’est pas faite que de progrès. Elle supprime des emplois décisifs pour les jeunes talents. Selon une étude de Stanford, les jeunes diplômés de 22 à 25 ans sont particulièrement touchés par la disparition des postes de début.
En outre, des rapports citent déjà plus de 10 000 suppressions de postes liées à l’IA en 2025 aux États-Unis. Ces pertes frappent surtout les tâches répétitives et structurantes de l’apprentissage professionnel.
Par ailleurs, les centres de données d’IA consomment d’énormes quantités d’eau pour leur refroidissement, souvent dans des zones déjà en tension hydrique. Il s’agit d’un paradoxe criant entre innovation et responsabilité environnementale.
Meta veut une IA qui s’améliore seule, mais pour optimiser sa publicité
En juillet, Mark Zuckerberg a annoncé son ambition de développer une « superintelligence personnelle », un système capable de s’auto-améliorer et de surpasser l’intelligence humaine classique. Meta a d’ailleurs créé un département dédié, Meta Superintelligence Labs, dirigé notamment par Alexandr Wang, ex-Scale AI, pour concrétiser cette vision.
Sur le plan commercial, cette évolution servirait à améliorer les stratégies publicitaires. Elle permettrait aussi d’introduire des “amis artificiels” ou “thérapeutes IA” dans ses plateformes.
Ce projet soulève de sérieuses préoccupations pour les régulateurs et éthiciens. Plusieurs chercheurs recrutés pour ce projet sont déjà partis, dénonçant une culture interne instable et un manque de vision partagée.
Des lunettes connectées pour remplacer le réel : une vision qui inquiète
Zuckerberg envisage également des innovations physiques. Parmi elles, des lunettes intelligentes capables de créer une “couche virtuelle gouvernée” sur notre environnement réel, un prolongement direct du métavers.
Ces promesses restent floues, avec des discours marketing peu concrets. Elles posent une question fondamentale : est-on en train d’accepter passivement une redéfinition de l’expérience humaine ? Les experts s’alarment d’un projet qui semble privilégier l’engagement numérique au détriment du libre arbitre.
Qui contrôle l’avenir de l’IA : entreprises privées ou société civile ?
Le cœur de la controverse porte sur le pouvoir de décision en matière de technologies futuristes. Confier ces développements à une entreprise privée, guidée par des objectifs commerciaux, inquiète. Le mantra de Meta, « bouger vite et casser les choses », a déjà montré ses limites. L’appliquer à une IA potentiellement hors de contrôle pourrait devenir tragique.
Les enjeux dépassent désormais la technique. Ils touchent au futur de notre organisation sociale, à notre capacité à encadrer des systèmes qui pourraient nous dépasser. La question n’est plus seulement technologique, elle devient politique et éthique.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie, Robots & IA