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Une découverte scientifique inattendue : deux espèces humaines coexistaient il y a 2,6 millions d’années sur le même territoire

Dents fossiles découvertes dans le sol, témoins d’une cohabitation entre deux espèces humaines anciennes.
Ces dents fossiles révèlent que deux espèces humaines ont partagé le même territoire – DailyGeekShow.com

Un ancêtre encore inconnu ? Des chercheurs ont identifié une nouvelle espèce d’Australopithèque vieille de près de 3 millions d’années en Éthiopie.

L’évolution humaine n’est pas une ligne droite, mais une histoire de coexistences, d’expérimentations et de transitions. En Éthiopie, des dents fossiles révèlent la présence simultanée de deux espèces humaines il y a 2,6 millions d’années. Une découverte majeure qui redessine notre arbre généalogique.

Deux espèces humaines partageaient le même territoire : un carrefour évolutif au cœur de l’Éthiopie préhistorique

Dans la région de l’Afar, au nord-est de l’Éthiopie, le site de Ledi-Geraru est devenu un haut lieu de la paléontologie. Entre 2013 et 2018, les chercheurs y ont exhumé treize dents fossiles dans des couches sédimentaires datées entre 2,8 et 2,5 millions d’années.

Ce que ces fossiles révèlent est stupéfiant : deux espèces humaines distinctes ont occupé la même zone au même moment. D’un côté, des dents rattachées à Homo, le genre humain. De l’autre, des dents inconnues, attribuées à un Australopithèque encore non identifié.

Ainsi, ce chevauchement temporel, décrit dans la revue Nature, bouleverse la vision traditionnelle d’une succession d’espèces. Il suggère un mélange de lignées concurrentes et adaptées à des niches distinctes.

Une nouvelle espèce d’Australopithèque révélée par des dents aux caractéristiques uniques

Parmi les treize dents, dix ne ressemblent à aucune espèce connue. Leur forme, leur taille et leur usure diffèrent nettement de celles de Lucy (Australopithecus afarensis) ou d’A. garhi. En conséquence, les paléoanthropologues parlent d’une « espèce indéterminée », nommée provisoirement Australopithecus sp. indet.

Les molaires larges, carrées, peu effilées, contrastent avec la courbure typique d’A. afarensis. De plus, certaines dents ne montrent pas le talon basal caractéristique d’A. garhi. La position stratigraphique de ces fossiles, entre 2,63 et 2,6 millions d’années, les ancre dans une période où Homo était déjà présent.

Certes, les chercheurs n’ont pas encore retrouvé de squelette associé à ces dents, ce qui empêche d’en déduire l’apparence ou la locomotion de l’espèce.

Toutefois, la divergence morphologique est suffisamment forte pour affirmer l’existence d’une lignée distincte. Il s’agit probablement d’une lignée longtemps ignorée, qui pourrait avoir cohabité avec nos ancêtres directs.

Homo était déjà bien implanté : des preuves solides d’une présence plus ancienne que prévu

Illustration de deux espèces humaines anciennes assises autour d’un feu dans la savane africaine.
Une scène reconstituée montre la cohabitation entre deux espèces humaines autour d’un feu – DailyGeekShow.com

En 2013, les chercheurs avaient déjà mis au jour à Ledi-Geraru la plus ancienne mandibule attribuée à Homo, datée de 2,8 millions d’années. Désormais, les nouvelles dents LD 302 et AS 100, respectivement vieilles de 2,78 et 2,59 millions d’années, renforcent cette présence.

En effet, elles partagent des traits typiques d’Homo : molaires plus petites, cuspides moins marquées, couronne rhomboïdale. Ces caractères apparaissent aussi ailleurs en Afrique de l’Est, notamment à Hadar ou Mille-Logya. Par conséquent, les archéologues en déduisent qu’Homo avait déjà pris pied dans la région, bien avant ce qu’on pensait.

Les conditions environnementales, plus ouvertes et sèches, auraient favorisé l’émergence de comportements nouveaux comme l’utilisation d’outils. À proximité du site, les chercheurs ont d’ailleurs retrouvé des outils de type Oldowen datant eux aussi de 2,6 millions d’années.

Un passé plus riche, une origine moins linéaire : ce que cette découverte change dans notre récit de l’humanité

L’image classique d’une évolution progressive, d’un Australopithèque cédant peu à peu la place à Homo, ne tient plus. En réalité, la situation semble bien plus complexe et foisonnante : plusieurs espèces humaines, proches mais différentes, ont partagé les mêmes paysages.

Loin d’être une anomalie, cette coexistence ancienne pourrait représenter la norme de l’évolution humaine. Elle nous invite non seulement à revoir nos catégories, mais aussi à accepter un passé où les lignées se croisent, se diversifient, puis disparaissent parfois sans laisser de trace.

Finalement, comprendre d’où nous venons, c’est aussi accepter que notre histoire a commencé bien avant Homo sapiens, dans une mosaïque d’expériences humaines aujourd’hui en partie effacées. Et peut-être qu’au fond, c’est justement ce passé mouvant qui fait toute notre richesse.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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