Deux patients américains atteints du Sida ont été libérés du fardeau des médicaments anti-VIH grâce à une transplantation de moelle osseuse. L’équipe de médecins insiste néanmoins sur le fait qu’il est encore trop tôt pour parler de guérison complète et définitive. Explications.
Ces résultats étonnants concernant le Sida ont été présentés à la conférence annuelle de l’International AIDS Society il y a quelques jours. Les deux cas présentés sont ceux de deux patients masculins atteints du VIH depuis 30 ans et qui ont développé un cancer, plus précisément un lymphome. Pour soigner cette maladie, les deux hommes ont eu recours à une transplantation de moelle osseuse. La moelle osseuse étant l’organisme du corps qui crée et renouvelle les cellules du sang, elle est également considérée comme l’un des réservoirs probables pour le virus du Sida dans le corps d’un individu.
Or, après ces transplantations, les deux patients ont vécu plusieurs années (2 pour l’un, 4 pour l’autre) sans qu’aucun signe du virus du Sida n’ait pu être détecté. Il y a maintenant quelques mois, les hommes ont arrêté de prendre des médicaments en tri-thérapie, et le virus n’a pas encore refait son apparition. Mais les médecins qui ont traité les deux patients et qui ont été témoins de cette rémission quasiment miraculeuse ne veulent pas encore parler de remède. Le docteur Timothy Henrich explique qu’ils ont besoin de continuer à suivre la situation de près : « Ce que nous pouvons dire c’est que si le virus ne revient pas après un ou deux ans sans traitement, les chances d’une rechute seront extrêmement basses« .
Les chercheurs pensent que cette disparition est due au fait que la moelle osseuse transplantée avait déjà été exposée à l’action d’un traitement antirétroviral. Une fois transplantée, les cellules saines de la nouvelle moelle auraient attaqué le virus et l’auraient repoussé. Mais selon Timothy Henrich, cela ne veut pas dire que le VIH a complètement disparu : il pourrait s’être logé dans d’autres « réservoirs » supposés comme le cerveau ou encore la zone gastro-intestinale.
Ce sont deux cas à rapprocher notamment de celui d’un patient allemand, Timothy Brown, qui est supposé être la toute première personne à avoir été guérie du Sida. Lui aussi avait bénéficié d’une greffe de moelle osseuse venant d’un donneur apparemment résistant au VIH. Il n’a pas donné de signes d’infection depuis 2007.
Cela ouvre de nouvelles pistes pour les chercheurs, afin de trouver un véritable remède contre cette maladie. Les équipes précisent toutefois que ce moyen de guérison supposé ne peut pas être appliqué à toute la population infectée par le virus : le traitement est lourd, risqué et est décrit comme un « enfer » pour les patients. Et puis il n’y a pas assez de donneurs de moelle osseuse résistante au VIH pour traiter les 34 millions (en juillet 2012) de personnes atteintes du Sida.
En tout cas, c’est une bonne nouvelle pour la médecine qui va pouvoir continuer dans cette voie pour peut-être trouver un remède efficace. Pensez-vous qu’on arrivera bientôt à trouver un remède au Sida ?
Par Alex Dobro, le
Source: BBC