C’est une annonce qui a fait des vagues des deux côtés de l’Atlantique. Le 7 novembre 2025, le président argentin Javier Milei officialisait une commande historique passée à Naval Group : trois sous-marins Scorpène flambant neufs, pour un montant estimé à 2,3 milliards d’euros. Une victoire industrielle pour la France, un tournant stratégique pour l’Argentine, et un symbole puissant du retour de la puissance sous-marine dans le pays.

Une flotte réduite à néant depuis 2017 : l’Argentine comble enfin un vide stratégique
Depuis le drame du San Juan, disparu en 2017 avec ses 44 membres d’équipage, l’Armada Argentina ne comptait plus aucun sous-marin opérationnel. Huit ans de silence sous-marin, pour un pays bordé par 4700 km de littoral et confronté à des enjeux croissants en matière de souveraineté maritime, de pêche illégale et de défense.
Dans ce contexte, la relance de la flotte sous-marine devenait urgente, vitale même. Ce contrat avec Naval Group vient donc ressusciter une capacité stratégique clé, jusque-là laissée en jachère. Et il replace Buenos Aires dans le concert des marines modernes.
Trois Scorpène, un transfert de savoir-faire et un signal géopolitique fort
Les sous-marins commandés ne sont pas nucléaires, mais dotés d’une technologie de pointe. Le Scorpène, déjà en service au Brésil et au Chili, est réputé pour sa discrétion, son autonomie et sa puissance. L’accord prévoit également la formation des opérateurs argentins et la livraison de pièces détachées, ce qui fait grimper la facture mais garantit une autonomie opérationnelle réelle.
Derrière ce contrat, il y a aussi une victoire diplomatique. Naval Group a devancé l’allemand TKMS, jusque-là favori. Une réussite facilitée par la bonne entente entre Emmanuel Macron et Javier Milei, et qui marque le retour de la France dans un domaine où elle avait essuyé plusieurs revers récents (Canada, Australie…).
Un contrat atypique avec paiement différé, reflet de la situation économique argentine
Fait rare : le paiement ne sera effectué qu’à la livraison du premier sous-marin. Un geste de flexibilité de la part de la France, sans doute dicté par la situation économique encore fragile de l’Argentine, même si celle-ci montre des signes de reprise. En temps normal, un tel contrat n’est valide qu’après versement d’un acompte.
Ce pari financier n’est pas sans risque, mais il pourrait s’avérer stratégiquement payant, en renforçant les liens bilatéraux et en ouvrant la voie à d’autres coopérations dans le domaine de la défense ou de l’énergie.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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