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L’Histoire en images : en 1900, 18 % des travailleurs américains étaient des enfants

La révolution industrielle a apporté non seulement de nouvelles opportunités en matière d’emploi, mais également de nouveaux travailleurs sur le marché du travail : les enfants. En 1900, 18 % des travailleurs américains avaient moins de 16 ans. Retour en images sur cette époque pas si lointaine.

2 MILLIONS DE TRAVAILLEURS AMÉRICAINS

Pour les employeurs de l’époque, les enfants étaient considérés comme des travailleurs attrayants puisqu’ils pouvaient être embauchés pour des emplois qui exigeaient peu de compétences, à un salaire inférieur à celui d’un adulte. De plus, leur petite taille leur permettait de faire certains travaux que les adultes ne pouvaient pas faire, et ils étaient considérés comme faciles à gérer.

En 1904, le Comité national du travail des enfants s’est formé dans l’espoir de mettre fin à l’exploitation infantile aux États-Unis, et des équipes d’enquêteurs ont été envoyées aux quatre coins du pays pour recueillir des preuves de la dureté des conditions de travail des enfants. L’un d’entre eux était le photographe Lewis Hine.

Lewis Wickes Hine, sociologue et photographe américain (1874-1940)

Hine a quitté son emploi d’enseignant à New York pour rejoindre le Comité national du travail des enfants. Son but était de sensibiliser l’opinion publique aux terribles conditions de travail de millions d’enfants américains, afin de mettre un terme à ces pratiques abusives. Bien que les effets n’aient pas été immédiats, les scènes épouvantables qu’il a capturées avec son appareil photo ont fini par attirer l’attention des médias sur le triste sort de ces enfants exploités.

En 1910, le nombre d’enfants qui travaillaient a dépassé la barre des 2 millions. Le Congrès a tenté d’aborder la question en 1916, en adoptant le « Keating-Owns Act » qui établissait des normes plus strictes en matière de travail infantile. La loi préconisait notamment que les enfants de 14 ans ou moins ne pouvaient travailler dans les usines, ceux de 16 ans ou moins ne pouvaient travailler dans les mines, et leur journée de travail ne pouvait dépasser 8 heures, commencer avant 6 heures ou se terminer après 19 heures.

Ce n’est qu’après la Grande Dépression que les opinions politiques sur le travail des enfants ont commencé à changer. Le travail de Hines et du Comité national du travail des enfants a permis de lancer des réformes telles que le « National Industrial Recovery Act » et le « Fair Labor Standards Act » de 1938 durant le New Deal. Des lois qui ont permis de réduire drastiquement le nombre d’enfants sur le marché du travail et ont fixé pour la première fois un salaire minimum national et des normes horaires maximales.

IL A FALLU ATTENDRE 1938 POUR QUE LE NOMBRE D’ENFANTS SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL AMÉRICAIN SOIT DRASTIQUEMENT RÉDUIT

Ci-dessous, découvrez les photographies choquantes de Lewis Hine qui ont aidé l’Amérique à prendre conscience des conditions horribles dans lesquelles ces enfants travaillaient, et ont grandement contribué à mettre un terme à l’exploitation infantile dans le pays :

Un jeune pêcheur de crevettes nommé Manuel (1912).

À Dunbar, en Louisiane, Hine a rencontré une écaillère d’huîtres de 8 ans nommé Rosy. Il a découvert qu’elle travaillait régulièrement de 3 heures à 17 heures, et elle lui a confié que son jeune frère, encore bébé, commencerait à écailler dès qu’il serait capable de tenir un couteau (1911).

Jennie Camillo, 8 ans, vivait près de Philadelphie et passait l’été entier à récolter des canneberges (1910).

Ces jeunes garçons étaient chargés de découper les filets de sardines et de les mettre en conserve (1911).

Minnie Thomas, 9 ans, et l’impressionnant couteau à sardine avec lequel elle travaillait. Elle gagnait 2 dollars et travaillait souvent tard le soir (1911).

Hiram Pulk, âgé également de 9 ans, travaillait dans une conserverie. Il avait expliqué à Hine : « Je ne suis pas très rapide, je sors seulement 5 boîtes par jour et je suis payé environ 5 cents la boîte » (1911).

Ralph, un jeune « découpeur » travaillant dans le Maine, photographié avec un doigt profondément entaillé. Lewis Hine a rencontré de nombreux enfants qui souffraient de blessures similaires au cours de ses voyages (1911).

Beaucoup d’enfants travaillaient également sur des métiers à tisser. Ces jeunes garçons, photographiés dans une usine de Macon, en Géorgie, étaient si petits qu’ils devaient grimper sur les machines pour réparer les fils cassés et remplacer les bobines vides (1909).

Les garçons qui travaillaient dans les mines de charbon étaient souvent appelés « Breaker Boys ». Ici, un groupe d’enfants revenus des entrailles de la mine d’Ewen Breaker à Pittston, Pennsylvanie (1911).

Hine a légendé cette photographie « Les femmes de la famille travaillent pendant que le père se repose… une scène commune dans les immeubles new-yorkais ». Cette famille gagnait environ 4 dollars par semaine en travaillant tous les jours jusqu’à 21 heures (1911).

Ces garçons travaillaient de nuit dans l’usine d’Indiana Glass Works (1908).

Tommie Nooman, 7 ans seulement, travaillait jusqu’à tard le soir dans un magasin de prêt-à-porter sur Pennsylvania Avenue à Washington. À partir de 21 heures, il réalisait des démonstrations et présentait aux badauds la « cravate idéale » (1911).

Katie, 13 ans, et Angeline, 11 ans, cousaient à la main de la dentelle irlandaise et réalisaient des manchettes. Leur revenu était d’environ 1 dollar par semaine alors qu’elles travaillaient parfois jusqu’à 20 h (1912).

Beaucoup de ces jeunes vendeurs de journaux travaillaient tard le soir pour tenter d’écouler leurs exemplaires. Le plus jeune d’entre eux était âgé de 9 ans (1912).

AUJOURD’HUI ENCORE, PRÈS DE 150 MILLIONS D’ENFANTS SONT « EXPLOITÉS ÉCONOMIQUEMENT » À TRAVERS LE MONDE

Aujourd’hui encore, ce sont près de 150 millions d’enfants qui sont « exploités économiquement » à travers le monde. Environ 70 millions d’entre eux travaillent dans des conditions jugées dangereuses, et 4,3 millions sont assujettis à du travail forcé (prostitution, enfants soldats etc…). Bien que ce chiffre baisse d’années en années, il reste encore beaucoup de travail avant de pouvoir mettre définitivement un terme à l’exploitation infantile.

Par Yann Contegat, le

Source: History

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