Des scientifiques américains ont identifié le processus physiologique permettant aux grenouilles de verre de devenir quasiment transparentes durant leur sommeil, afin de tromper la vigilance de leurs prédateurs.
Une capacité rare chez les vertébrés
Mesurant en moyenne 2 centimètres de long, les grenouilles de verre dorment le jour perchées sur des feuilles d’un vert éclatant, abri que ces amphibiens tropicaux ne quittent qu’à la faveur de l’obscurité pour se nourrir. Si leur peau translucide les aide à se fondre efficacement au sein de leur environnement, il s’agit d’un processus physiologiquement complexe et contraignant.
« La transparence est généralement rare chez les vertébrés, car la plupart d’entre eux doivent faire circuler constamment des globules rouges dans leurs différents tissus afin de les oxygéner », explique Jesse Delia, du Muséum américain d’histoire naturelle. « Seules quelques espèces de poissons et d’amphibiens sont connues pour réaliser un tel exploit, incluant la grenouille de verre de Fleischmann. »
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Science, Delia et ses collègues ont mesuré l’opacité des grenouilles lorsqu’elles dormaient et étaient éveillées, et découvert que la translucidité de leur peau augmentait d’environ 61 % durant leur sommeil.
En suivant en temps réel la circulation sanguine des différents spécimens grâce à l’imagerie photoacoustique, les chercheurs ont découvert que les grenouilles de verre pouvaient « dissimuler » environ 90 % de leurs globules rouges dans leur foie. Se dilatant en moyenne de 40 % durant ces phases de repos, celui-ci retrouvait ensuite son volume normal.
Des implications potentielles pour la médecine humaine
Si l’entassement des globules rouges entraîne la coagulation chez la plupart des vertébrés, leur stockage dans le foie des batraciens ne semblait pas impacter négativement leur santé. Selon Delia, la mise en évidence des mécanismes précis à l’oeuvre pourrait potentiellement améliorer le traitement des caillots sanguins chez l’Homme.
« Il s’agit de la première d’une série d’études documentant les mécanismes de la transparence des vertébrés, et nous espérons qu’elle stimulera les travaux biomédicaux visant à traduire la physiologie extrême de ces grenouilles en nouvelles cibles pour la santé et la médecine humaines », conclut la chercheuse.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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