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C’est la science qui le dit : Tinder n’est qu’une perte de temps

Finalement, votre expérience sur une application ne sera pas si différente de la vie réelle

— Alex Rhul/Shutterstock.com

Tinder, application miracle pour rencontrer son âme sœur d’un soir ou d’une vie ? Au contraire, l’application de rencontre n’aide généralement pas à trouver plus de relations (d’un soir ou dans la durée) que par les voies traditionnelles. Les résultats d’une étude conduite sur 269 étudiants norvégiens utilisant l’application suggèrent qu’au fond, les pratiques et succès des utilisateurs sont souvent liés à ceux observables dans la vraie vie.

Tinder et la sociosexualité

Si vous pensiez qu’une application de rencontre basée sur une ou des photos (ou PBMDA — Picture Based Mobile Dating Apps — pour les sociologues) allait transformer votre histoire sexuelle, revoyez vos espoirs à la baisse : il est peu probable que ce soit le cas. Lors d’une étude dont les résultats ont été publiés en novembre dans le journal de psycho-sociologie Evolutionary Psychology Science, des chercheurs ont tenté d’en savoir plus sur les rapports entre les pratiques sur Tinder et celles que les mêmes personnes auraient, dans des contextes de la vie réelle.

Tinder est cette application de rencontre particulièrement plébiscitée pour son concept élémentaire : à la vue d’une ou plusieurs photos d’une personne (dont les préférences sexuelles vous correspondent), vous sélectionnez ou rejetez un profil. Si vous le rejetez d’un geste du doigt (vers la gauche), rien ne se passe. Mais si les deux personnes sélectionnent un profil (vers le droite), alors vous pouvez discuter avec la personne.

Des études antérieures avaient tenté de déterminer des traits de personnalité communs aux utilisateurs de Tinder. Un outil utilisé pour déterminer l’orientation sociosexuelle (c’est-à-dire la propension d’une personne à distinguer sexualité et engagement, donc sa vocation à trouver des partenaires fréquents à des seules fins physiques) est le critère SOI-R, développé par L. Penke et J. B. Asendorpf, qui, en neuf questions proposant chacune neuf réponses, peut situer l’orientation d’une personne sur une échelle entre le détachement total et le besoin d’engagement dans une relation stable — vous pouvez retrouver les questions du test ici. Ainsi, il avait déjà été déterminé que les utilisateurs de PBMDA ont une sociosexualité plus libre.

Les auteurs de la présente étude expliquent que la leur fournit « une observation plus détaillée de l’efficacité de l’utilisation de Tinder pour trouver des relations d’un soir ou rencontrer de potentiels partenaires de relation à longue durée ». Autrement dit, elle permet d’apprendre si la réalité rencontre les attentes de chacun.

Pas de vraie différence avec la vie réelle, ni de miracle

Les auteurs expliquent que dans l’observation de données rapportées par 269 étudiants norvégiens (incluant 62 % de femmes) utilisant Tinder, le succès ou l’infortune rencontrés sur l’application sont souvent liés à ceux trouvés dans la vie réelle.

« Pour ceux qui ne peuvent parvenir à des relations d’un soir sans utiliser Tinder, Tinder n’offre pas vraiment de nouvelles opportunités », explique le premier auteur, Trond Viggo Grøndtvedt du Département de psychologie de la NTNU (Norwegian University of Science and Technology).

Tinder ne semble donc pas être un outil magique mais, assez logiquement, serait plutôt un reflet de la société et des comportements réels : ceux qui « réussissent » dans la vraie vie auront aussi du succès sur l’application. « La plupart des gens qui rencontrent du succès sur Tinder ont aussi une activité sexuelle libre et des relations non engagées en dehors », explique Leif Edward Ottesen Kennair, professeur et co-auteur.

Les auteurs expliquent que statistiquement, il faut souvent un grand nombre de matchs pour qu’une rencontre advienne, et un plus grand nombre encore pour qu’une relation (longue ou d’un soir) en soit issue.

Les femmes semblent davantage y chercher une relation stable, tandis que les hommes escomptent des relations d’un soir : les premières vont sélectionner moins de profils en passant davantage de temps à les « étudier », tandis que ces derniers auront tendance à être bien moins sélectifs et d’approche plus directe, dans un objectif de quantité plutôt que d’affinités personnelles.

Comme dans la vraie vie, « certains réussissent beaucoup, et beaucoup n’y ont rien »

Pourtant, Tinder n’aboutit à rien pour près de 80 % des utilisateurs. Seulement 20 % des sondés ont eu une relation d’un soir avec Tinder, et une seule fois pour la majorité d’entre eux. Kennair conclut que « Tinder semble offrir de nouvelles opportunités sexuelles, mais celles-ci apparaissent très limitées ». En effet, seuls 2-3 % des étudiants ont eu une relation d’un soir par le seul biais de Tinder, tandis que le reste y parvenait de manière plus traditionnelle.

La « réussite » en termes de relations est liée à plusieurs facteurs qui ne sont pas liés à l’utilisation d’une application : le niveau « d’attractivité » qu’une personne s’attribue, son adhésion à l’idée d’une activité purement sexuelle, la confiance en soi sont des facteurs majeurs à leur réussite, et « cela s’applique aussi quand vous n’utilisez pas d’applications de rencontre. Certains réussissent beaucoup, et beaucoup n’y ont rien. »

En général, les études successives ne peuvent conclure à une augmentation de relations d’un soir par l’utilisation de Tinder, ni à une réelle efficacité dans la recherche d’une relation stable.

Les auteurs veulent désormais étendre ces observations à une plus grande frange de la population : « Parce que les participants à notre sélection étaient des étudiants d’université dans leur vingtaine, il sera intéressant de voir si nos découvertes s’appliquent à d’autres groupes et tranches d’âge dans de futures recherches », explique Ernst Olav Botnen, à l’initiative de cette étude et psychologue clinicien à Oslo.

Vous pouvez retrouver l’étude intégrale ici.

Par Victor Chevet, le

Source: Norwegian SciTech News

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