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Entrez dans The Lost Room, cette mini-série à suspense qui ouvre une porte sur un autre monde

Dans notre monde, une lampe se doit d’éclairer, un stylo d’écrire et une radio de diffuser de la musique. Des fonctions simples, définies, acquises depuis longtemps. Pourtant, Joe Miller, détective de Pittsburgh, se retrouve confronté à une tout autre classe d’objets très convoités. Comme ce peigne qui permet d’arrêter le temps ou cette lime à ongles qui, lorsqu’effleurée, vous plonge dans un sommeil profond. Pourquoi ? C’est ce qu’il cherche à savoir et va vite devenir la cible de nombre d’individus prêts à tout pour mettre la main sur ce qu’il possède : la clef de la chambre 10, The Lost Room.

 

Sci-Fi Channel, avant de devenir SyFy en 2009, avait l’habitude de nous gratifier d’une mini-série chaque année. Certaines auront connu un tel succès qu’un format classique leur ont été accordé par la suite. L’exemple parfait serait Battlestar Galactica, qui a bénéficié en décembre 2003 d’une mini-série prenant place dans l’univers réinventé pour ensuite se voir octroyer 4 saisons régulières. D’autres n’auront pas eu cette chance. C’est le cas de The Lost Room, diffusée sur Sci-Fi Channel en décembre 2006 et réalisée par Craig R. Baxley. Cette mini-série n’a peut-être pas rencontré un franc succès lors de sa sortie, mais elle mérite tout de même notre attention.

Un bon contemporain ne voyage pas seul. Il a toujours son smartphone, sa carte bancaire, son ordinateur portable peut-être, des écouteurs pour un peu de musique et bien d’autres objets définissant la vie de la classe moyenne en vadrouille. Imaginez maintenant que cette personne vit en fait dans les années 60, avec le kit de l’époque. Imaginez entrer dans sa chambre d’hôtel pour y retrouver tous ses effets personnels. Un ticket de bus sur la commode qui aurait servi à arriver jusque-là. Un peigne et un savon encore emballé dans la salle de bains. Un stylo bille utilisé la veille pour remplir les grilles de jeu du journal posé juste à côté, en portant des lunettes par exemple. Un harmonica, une lime à ongles peut-être, un peu de monnaie sûrement et encore bien d’autres objets du quotidien de l’époque.

Imaginez maintenant que la pièce dans laquelle vous vous trouvez, appartient à une autre dimension. Que cette chambre est en quelque sorte perdue. Que les objets présents, outre leur fonction primaire, possèdent des propriétés absolument étranges. Les lunettes pourraient alors, par exemple, empêcher toute combustion à proximité. Un œuf placé au centre du bracelet de la montre deviendrait dur en quelques minutes. Ou le crayon à papier délivrerait un penny américain de 1961 chaque fois que sa gomme frappe une surface solide. Imaginez que cette mythologie d’artefacts serve à l’intrigue d’une série. Eh bien vous seriez là, dans la chambre perdue, dans The Lost Room.

The Lost Room 1

Celui confronté à cet univers s’appelle en fait Joe Miller. Interprété par l’ancien croque-mort de Six Feet Under, Peter Krause, il est désormais inspecteur de la police criminelle de Pittsburgh. Sa prochaine affaire promet d’être bien étrange. En effet, plusieurs cadavres sont retrouvés dans le magasin d’un prêteur sur gage et le problème c’est qu’ils semblent avoir été passés au micro-ondes. Parmi les indices, une clef quelconque. Mais Joe va découvrir qu’en l’utilisant sur une porte munie d’une serrure celle-ci s’ouvre sur la chambre numéro 10 de ce qui semble être un motel. Oui, exactement. De n’importe quel endroit dans le monde peut s’ouvrir une porte sur cette chambre en particulier. Et de cette chambre en particulier peut s’ouvrir une porte de n’importe quel endroit dans le monde. Instantanément. Tant que l’on possède la clef.

Ce dernier point est important, car cherchant une explication depuis le placard de son appartement, Joe s’étonne des propriétés singulières de la pièce elle-même. Son état semble être identique à chaque fois que la porte est refermée, puis ouverte. Tout ce qui était présent dans la pièce reprendra sa place. Tout ce qui est apporté dans la pièce disparaitra. C’est magique, pratique, amusant et surtout dangereux. C’est sa fille, Anna Miller, incarnée par Elle Fanning, qui en fera les frais. La curiosité naturelle du père se transforme alors en croisade pour récupérer son enfant adoré, le conduisant dans les méandres de sociétés secrètes détentrices de tous les secrets et en quête des pouvoirs de la chambre.

The Lost Room 7

De l’intrigue, du mystère, des conspirations, quelques meurtres, le tout dans l’atmosphère particulière où chaque objet trouvé sur eBay pourrait peut-être changer le monde. À l’heure du numérique où le vintage est à la mode, cette mini-série rend nostalgique. De la même façon, retrouver Peter Krause rappelle de bons souvenirs. Il semble, comme à son habitude, manquer de noirceur pour le rôle mais son air béat est en fait un leurre. C’est cette normalité et cette modération dans le jeu qui le rendent tellement crédible dans The Lost Room. Ça n’est pas un super-héros, juste un bon flic, et un bon père.

Il en va de même pour le reste du casting. Même si le format mini-série ne laisse malheureusement pas assez de place pour exprimer toute la profondeur de tous les personnages, tous sont crédibles, et remplissent leur fonction. Nous retrouvons notamment Peter Jacobson, l’un des sous-fifres du Docteur House et avocat jovial récurrent dans New York, police judiciaire, qui nous délivre ici une performance dans le rôle de Wally, possesseur obsédé d’un des objets de la chambre. Ou encore Roger Bart, incarnant Howard, dit La Fouine, l’un des personnages prêts à tuer pour obtenir plus de pouvoir.

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Certains pensent que cette mini-série aurait mérité une suite. Que le manque de promotion lors de sa sortie l’a gardée dans l’ombre trop longtemps pour motiver ses producteurs. D’autres trouvent que les quelques raccourcis scénaristiques dus au format même sont trop handicapants pour en faire une bonne série. Toutefois, il est clair que la richesse de ce petit univers pourrait être porteuse de nombre d’histoires. The Lost Room a su ouvrir la porte d’une mythologie de l’objet moderne qui s’est refermée un peu trop tôt.

Par Gabriel Pilet, le

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