Dans le monde moderne, les frontières définissent strictement les États-nations, chacun revendiquant clairement son territoire. Cependant, parmi les vastes étendues de la planète, il existe des lieux énigmatiques qui ne sont revendiqués par aucune nation. Ces terres abandonnées, connues sous le nom de Terra nullius, ou « terre de personne » en latin, sont d’intrigantes anomalies géopolitiques. Bien qu’elles existent depuis des siècles, elles continuent d’échapper aux revendications souveraines.
Gornja Siga : Le rêve libertaire
Depuis la guerre brutale qui a suivi la dissolution de la Yougoslavie dans les années 1990, certaines parcelles de la rive orientale du Danube, entre la Croatie et la Serbie, sont âprement disputées. La situation est inverse sur la rive ouest du fleuve : quatre parcelles ne sont revendiquées par aucune des deux nations.
Entre la Croatie et la Serbie, sur la rive orientale du Danube, se trouve Gornja Siga, une zone de 7 km² de terres boisées, qui échappe à toute revendication officielle par les deux pays. Ce territoire contesté a attiré l’attention d’un groupe de libertaires cherchant à créer un micro-État appelé Liberland.
La devise du Liberland repose sur la liberté économique et personnelle de ses citoyens. Cela implique que le gouvernement n’a qu’une autorité limitée afin d’éviter toute ingérence excessive dans les droits des individus et du pays dans son ensemble. Les demandes de citoyenneté peuvent même être effectuées sur le site web du Liberland.
Leur idée audacieuse était de bâtir une utopie libertaire sans impôts, avec des réglementations étatiques minimales et le bitcoin comme monnaie. Cependant, les efforts du Liberland ont été bloqués par les autorités croates, laissant Gornja Siga dans un état d’incertitude géopolitique.
Marie Byrd Land : Le mystère gelé
Selon le droit international, l’Antarctique est un continent qui n’appartient à aucune nation. Sept nations ont cependant continué à revendiquer leur souveraineté sur différentes régions du continent.
En Antarctique, un continent réglementé par le droit international et dépourvu de revendications officielles, se trouve une région particulièrement intrigante : Marie Byrd Land. Cette étendue immense de 1 605 792 km² reste délaissée, car elle est extrêmement isolée et difficile d’accès, même dans le contexte inhospitalier de l’Antarctique.
Malgré l’intérêt des nations pour d’autres parties du continent, Marie Byrd Land demeure un territoire sans revendication, dépeignant une image saisissante d’isolement glacial. Elle doit son nom à l’épouse de l’officier de marine américain Richard E. Byrd, qui a exploré la région au début du XXe siècle.
Bir Tawil : Une bande de désolation
Au cœur de la frontière entre l’Égypte et le Soudan se trouve Bir Tawil, une bande de terre de 2 060 km². Cette étendue désertique et inhospitalière est remarquablement inhabitée, à l’exception de quelques tribus nomades de passage, comme le peuple Ababda. Pourtant, elle n’est revendiquée par aucun des deux pays voisins.
Les origines de cette Terra nullius remontent aux délimitations tracées par l’Empire britannique aux 19e et 20e siècles, laissant Bir Tawil dans une situation de flou géopolitique.
Selon un accord signé en 1899, Bir Tawil appartenait au Soudan. Selon un autre plan établi en 1902, Bir Tawil était sous administration égyptienne. L’Égypte reconnaît le premier accord, tandis que le Soudan revendique le second. Ainsi, l’Égypte pense que Bir Tawil est au Soudan, tandis que le Soudan pense qu’elle est en Égypte.
Malgré quelques tentatives de revendication du territoire, aucune n’a été reconnue au niveau international, y compris celle de Jeremiah Heaton, un résident américain originaire de Virginie, qui a proclamé en 2014 le territoire comme le « Royaume du Nord-Soudan », souhaitant réaliser le rêve de sa fille de devenir princesse.