Bien qu’il ait connu son apogée il y a plus de 2 000 ans, l’Empire romain n’a pas fini de dévoiler tous ses secrets. Récemment, des chercheurs ont découvert un temple englouti proche du « Las Vegas » romain.
Une cité à la réputation sulfureuse
Cinq millions de kilomètres carrés, c’est la taille que mesurait l’Empire romain dans ses grandes heures. Une superficie suffisamment large pour que les chercheurs continuent de réaliser des découvertes jour après jour. Cela a encore été le cas récemment, lorsque des archéologues marins ont localisé un temple vieux de 2 000 ans situé près d’une ville rebaptisée le « Las Vegas » de l’Empire romain.
À l’origine, Baïes, où se situe désormais la ville italienne de Baia, était une station thermale mais aussi un lieu de villégiature où fut construit un luxueux palais. Si la cité jouit d’une réputation aussi peu reluisante, c’est en partie à cause du philosophe Sénèque. Dans ses Lettres à Lucilius, il y dépeint la ville comme « le lieu de plaisance de tous les vices ». « Là, le plaisir se permet plus de choses qu’ailleurs […] Avoir le spectacle de l’ivresse errante sur ces rivages, de l’orgie qui passe en gondoles, des concerts de voix qui résonnent sur le lac, et de tous les excès d’une débauche comme affranchie de toute loi, qui fait le mal et le fait avec ostentation, est-ce là une nécessité ? », relatait-il dans ses lettres au gouverneur romain de Sicile.
Baïes sera finalement engloutie en raison de son emplacement géographique. Située dans la baie de Naples, la cité sera une victime des bradyséismes (phénomènes de montée et de baisse du niveau du sol) entre le 3e et le 5e siècle, puis finalement de l’éruption du Monte Nuovo en 1583. Aujourd’hui, l’antique ville thermale et ses secrets sont engloutis, mais des archéologues s’activent pour les révéler.
Le site de Pouzzoles désormais au centre de l’attention
Si Baïes jouit d’une certaine notoriété, c’est en revanche moins le cas pour le site de Pouzzoles situé de l’autre côté de la baie de Naples. Ses sites archéologiques ont longtemps été oubliés en raison de la forte industrialisation de son port pendant le 20e siècle, ce qui a entraîné une pollution des eaux et une baisse de la visibilité. Bien documentés sur le plan littéraire et historique, ces sites engloutis abritent pourtant de nombreuses ruines qui attendent d’être découvertes.
Des archéologues sont désormais prêts à explorer ses vestiges afin de dévoiler leur histoire. « Nous avons un énorme site sous-marin avec deux kilomètres de côtes submergées et toutes les structures liées au port commercial romain sous l’eau, mais pratiquement tout est inédit », expliquait à Newsweek Michele Stefanile, archéologue sous-marin qui coordonne les recherches à Pouzzoles.
Depuis 2021, l’équipe d’archéologues s’attèle à cartographier le site englouti afin de pleinement saisir l’ampleur des structures présentes sous l’eau. Pour cela, les chercheurs utilisent des drones aériens, mais également des détections acoustiques en plus de mener eux-mêmes des explorations sous-marines.
Le temple englouti de Pouzzoles, un lieu « unique »
Depuis le début de leurs fouilles, les archéologues ont pu réaliser quelques découvertes, notamment celle d’un temple submergé depuis des siècles dans les environs du port englouti. Loin d’être anecdotique, cette découverte a permis de comprendre un peu plus la portée multiculturelle de l’Empire romain.
Ce temple aurait été construit par les Nabatéens, peuple vivant au sud de la Jordanie où se trouve le célèbre temple de Pétra. Si ce peuple a pu s’installer dans la baie de Naples c’est en raison des liens commerciaux qu’il entretenait avec l’Empire romain, vendant la plupart du temps de l’encens et des épices.
Au-delà d’être un simple vestige historique, ce temple est également une découverte importante dans la compréhension de l’Empire romain. Michele Stefanile a d’ailleurs confié à Newsweek que ce temple est en réalité « unique », car il est le seul exemple connu de temple nabatéen trouvé sur le territoire romain mais également en dehors des terres nabatéennes. Reste désormais aux archéologues à trouver ce qu’il se cache à l’intérieur de celui-ci.