Une équipe de chercheurs américain vient de mettre au point un téléphone portable sans batterie. Une prouesse technique qui pourrait révolutionner l’usage de ces objets omniprésents dans nos vies.
Une évolution à contre-courant de la tendance
Les téléphones portables, apparus il y a à peine plus d’une vingtaine d’année, ont rapidement envahi nos vies. Il y a aujourd’hui plus de 7 milliards d’abonnements dans le monde, soit à peu près autant que d’être humains. Cet outil est désormais partout, y compris dans des régions pauvres où certains besoins de base (alimentation, eau,…) ne sont que difficilement satisfaits.
Ce marché immense stimule donc une course à l’innovation technologique, dont la plus notable est l’invention du smartphone. Nos téléphones sont sans cesse plus performants et plus couteux. En contrepartie de leurs nombreuses applications et autre options, ces machines consomment toujours plus d’énergie. Prenant le contrepied de cette montée en gamme portée par l’industrie, c’est donc à ce problème d’ergonomie que les chercheurs de l’Université de Washington ont voulu s’attaquer.
Un téléphone sans batterie
Ils ont réussi à élaborer le premier téléphone sans batterie. Une véritable prouesse technique. Plus besoin de recharger son portable, plus de risque de le voir s’éteindre (évidemment au pire moment). D’un point de vue écologique et social, c’est aussi un progrès non négligeable lorsque l’on connaît les conditions d’exploitation du cobalt en Afrique (minerai indispensable à la fabrique des batteries). Mais pour réussir ce tour de force, il a déjà fallu minimiser sa consommation énergétique. Le « premier téléphone portable qui ne consomme presque pas d’énergie », comme le qualifie Shyam Gollakota, ne consomme ainsi que quelques microwatt.
Comment cette énergie, de quantité certes infime, est-elle donc stockée dans la machine ? Les scientifiques ont croisé deux méthodes : le téléphone est d’abord équipé d’une photodiode qui convertit le rayonnement lumineux environnant en énergie. D’autre part, les concepteurs ont mis en place une station de base qui émet des signaux radio. Cette station est en fait la pierre angulaire de leur innovation.
Le coût en terme de performances
Comme on peut s’y attendre, cette ergonomie poussée a un coût élevé en terme de performance (surtout comparé aux petits bijoux technologiques commercialisés aujourd’hui). L’aspect du téléphone devrait d’ailleurs nous mettre à tous la puce à l’oreille. Il n’a pas du tout l’aspect d’un objet de consommation de masse. Il est composé en tout et pour tout d’un circuit, de sa photodiode, d’un clavier, d’un haut parleur et d’un micro. Une apparence quelque peu rustique.
Car même en supprimant l’intégralité des options possibles sur ce genre d’objet, le simple fait de communiquer consomme énormément d’énergie. L’astuce des chercheurs a donc été de modifier la transmission des signaux. Habituellement, le signal analogique de la voix est converti en format numérique, ce qui consomme beaucoup d’énergie. Ce téléphone, lui, convertit les sons en signaux radio grâce à son antenne et sa station de base : lorsque l’on parle, la station convertit en données radios les sons captés par le microphone ; pour écouter, le signal est décodé et passe par le haut parleur. Ainsi, un bouton est ajouté, comme dans les talkies-walkies, pour pouvoir passer du mode écoute au mode parole. La qualité sonore de la conversation est elle très mauvaise.
Un prototype qui ouvre des horizons nouveaux
Les chercheurs ont de grands projets pour leur création. Avant toute chose, il faut pouvoir allonger sa portée. Actuellement, il ne fonctionne qu’à moins de 10 mètres de sa station de base. Ils aimeraient atteindre rapidement une distance de 15 mètres. Ce ne serait pas exactement la même chose qu’un téléphone portable, mais les scientifiques pensent aussi sur le long terme : en raison du faible coût de la station, il est parfaitement plausible selon eux d’en intégrer dans des routeurs internet. En théorie, ce téléphone sans batterie pourrait donc facilement avoir une couverture équivalente à celle de ses concurrents plus énergivores.
Surtout, ils comptent ajouter un certain nombre d’éléments sur leur téléphone, tels qu’un système de cryptage des conversations, et surtout un écran. L’objectif suivant est en effet de parvenir à faire usage de la vidéo. Quoi qu’il en soit, leur projet est suffisamment prometteur pour attirer l’attention : ils sont ainsi financés en partie par un fond de google. Avec les possibilités de miniaturisation qu’il offre, ce téléphone pourrait s’intégrer à des vêtements par exemple. Ce qui serait le point de départ d’une grande avancée dans le domaine des communications.
Par Tristan Castel, le
Source: futura science
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