Avec son minuscule corps, ses oreilles semblables à celles des chauves-souris et ses yeux d’insecte, le tarsier des Philippines est un primate très singulier. C’est aussi le plus petit primate au monde, ne pesant que 50 à 150 grammes, pour seulement…20 centimètres de long ! Originaire du sud-est des Philippines, cette espèce vieille de 45 millions d’années est confrontée à de nombreuses menaces : selon la Ligue Internationale de Protection des Primates, il n’en reste qu’entre 5 000 et 10 000 aux Philippines. Et leur nombre est en chute libre.

Le tarsier des Philippines, ou Carlito syrichta, son nom scientifique, est une espèce de tarsier endémique des Philippines. On le trouve dans la partie sud-est de l’archipel, en particulier sur les îles de Bohol, Samar, Leyte et Mindanao. C’est un membre de la famille Tarsiidae, âgé d’environ 45 millions d’années, dont le nom est dérivé de « tarse », ou cheville allongée. Anciennement membre du genre Tarsius, il est désormais le seul membre du genre Carlito ; un nouveau genre nommé d’après le défenseur de l’environnement Carlito Pizarras.

Wikimedia / Jeroen Hellingman

Son aire de répartition géographique comprend également l’île Maripipi, l’île Siargao, l’île Basilan et l’île Dinagat. Des tarsiers ont également été signalés à Sarangani, bien qu’ils puissent être des sous-espèces différentes. Principalement actif la nuit, il se nourrit d’insectes. Les traditions populaires font parfois croire que les tarsiers mangent du charbon de bois, mais en réalité, ils récupèrent les insectes dans le bois.

GRAND DANGER D’EXTINCTION

Actuellement, le petit primate est en grand danger d’extinction. Si aucune mesure n’est prise, le tarsier des Philippines pourrait disparaître. Bien qu’il s’agisse d’une espèce protégée, et que la capture et la vente de l’animal aient cessé, l’espèce est toujours menacée par la destruction de son habitat forestier naturel. Les nombreuses années d’exploitation forestière légale et illégale, ainsi que l’agriculture sur brûlis ont considérablement réduit ces forêts, et avec elles la population de tarsiers, à une taille dangereusement petite.

Un animal peu commun

Le tarsier des Philippines a une fourrure grise et une queue presque nue. Les mâles sont plus grands que les femelles. Ses yeux, en comparaison avec la taille de son corps, sont énormes. Et ce n’est pas sa seule spécificité : comme un hibou, le tarsier possède une articulation entre la base du crâne et la colonne vertébrale pour permettre un mouvement de la tête sur un arc de 180 degrés. Avec ses dents acérées, il peut attraper ses proies plus facilement.

LES TARSIERS SONT LES SEULS PRIMATES CARNIVORES AU MONDE

Les tarsiers sont arboricoles. Ils vivent dans et autour de la base des troncs d’arbres et des racines des plantes telles que le bambou. Ils peuvent parfois être trouvés dans les trous situés au sommet des arbres. Le tarsier des Philippines est un animal nocturne : ils chassent la nuit, exclusivement les proies animales. Le jour, ils se cachent dans des creux près du sol. Lorsqu’ils sont gardés en captivité, les individus peuvent se blottir les uns contre les autres ou s’entrelacer. On pense donc qu’ils peuvent vivent en groupes.

Leur régime alimentaire comprend principalement des insectes tels que les cafards et les grillons, mais peut parfois être étendu à des reptiles, des oiseaux et des chauves-souris. Un tarsier des Philippines en captivité mangera surtout des crevettes vivantes et du poisson. Pour communiquer, le tarsier produit un certain nombre d’appels différents. Par exemple, lorsque les adversaires se rencontrent, ils produisent un trille doux, semblable à un oiseau. Lorsque plusieurs individus communiquent, ils peuvent produire un gazouillis semblable à celui du criquet. Les femelles ont un son spécial pour indiquer qu’elles sont fertiles.

Une hécatombe

Au cours des 45 derniers millions d’années, les tarsiers ont habité des forêts tropicales du monde entier, mais ils n’existent maintenant plus que sur quelques îles des Philippines. En raison de la croissance rapide de la population humaine, qui entraîne la conversion de plus en plus de forêts en terres agricoles, zones d’habitation et routes, les zones où le tarsier des Philippines pourrait trouver refuge disparaissent peu à peu. La diminution des forêts philippines constitue donc une menace grave et importante pour la survie de l’animal.

Wikimedia / John Martin PERRY

PRESQUE TOUTES LES ESPÈCES DE TARSIERS EXISTANTES SONT CLASSÉES COMME ANIMAL EN DANGER DE DISPARITION

Paradoxalement, la superstition indigène, associée à une forêt tropicale relativement épaisse, en particulier dans la province de Sarangani, a apparemment préservé cette espèce en voie de disparition. Les tribus indigènes laissent les tarsiers des Philippines dans la nature parce qu’elles craignent que ces animaux ne portent malheur. Une croyance transmise depuis l’Antiquité est que ce sont des animaux de compagnie appartenant à des esprits vivant dans des figuiers géants, connus sous le nom d’arbres de Balete. Si les gens font du mal aux tarsiers, ils doivent s’excuser auprès des esprits de la forêt, s’ils ne veulent pas être confrontés à la maladie ou à des difficultés dans la vie.

En 1986, le Centre de Surveillance de la Conservation de l’UICN a estimé que le tarsier des Philippines était en danger. Le 13 septembre 1991, le Département de l’Environnement et des Ressources Naturelles a délivré une ordonnance administrative qui classait également le tarsier des Philippines en tant qu’animal en voie de disparition. Grâce à ces législations et à la fermeté des mesures de protection directe de cette espèce, la chasse, la capture et la mise en captivité du tarsier des Philippines ont quasiment cessé. Hélas, l’animal reste fortement menacé à cause de la destruction de son habitat…

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