Aussi résistants soient-ils, les tardigrades s’avèrent trop petits pour parcourir de longues distances, à moins qu’ils ne fassent du stop sur un animal plus grand comme l’ont récemment démontré des expériences réalisées en laboratoire.
Des expériences révélatrices
Créatures fascinantes à bien des égards, les tardigrades peuvent survivre à des conditions extrêmes en entrant dans un état profond d’hibernation qu’ils ne quitteront qu’une fois les conditions devenues plus favorables. On en dénombre aujourd’hui plus de 1 400 espèces, présentes dans le monde entier, ce qui s’avère assez paradoxal étant donné leur taille minuscule (environ 1 millimètre de long), limitant les distances qu’ils peuvent couvrir par leurs propres moyens.
Si de nombreux organismes sont connus pour s’accrocher au corps de créatures plus grandes et plus mobiles afin de se disperser plus efficacement, ce comportement n’avait jusqu’à présent jamais été documenté chez les tardigrades. C’est désormais chose faite grâce aux travaux menés par Milena Roszkowska et Zofia Książkiewicz, de l’université Adam Mickiewicz, en Pologne.
Détaillées dans la revue Scientific Reports, leurs expériences ont impliqué trois récipients, contenant respectivement des tardigrades de l’espèce Milnesium inceptum ; des tardigrades et une espèce d’escargot (Cepaea nemoralis) présente dans leur habitat naturel ; et enfin des tardigrades, des escargots et de la mousse, où ces créatures minuscules aiment s’établir.
Après trois jours, les chercheuses ont compté combien de tardigrades étaient restés à leur emplacement d’origine, combien s’étaient déplacés et s’ils étaient vivants ou morts. Il s’est avéré que les tardigrades vivants ne s’étaient déplacés que dans le récipient contenant des escargots mais pas de mousse, ce qui suggère que ces derniers les ramassent passivement lorsqu’ils se déplacent.
Une stratégie viable
Bien que l’équipe ait également constaté que plusieurs tardigrades avaient été fatalement englués dans les trainées de mucus laissées par les gastéropodes lorsque celui-ci avait séché, elle rappelle que leur mode de reproduction asexuée implique qu’un seul individu survivant au voyage puisse établir une population dans une nouvelle région. Faisant des trajets « à dos d’escargot » une stratégie viable pour coloniser de nouveaux habitats.
« Cela souligne le rôle de la dispersion à petite échelle des animaux minuscules », explique Roszkowska. « Le transport d’animaux invertébrés sur de courtes distances peut avoir un impact significatif sur leur diversité génétique. »
Pour les chercheuses, la prochaine étape consistera à tenter d’observer ce phénomène en milieu naturel.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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