Des chercheurs italiens ont élucidé l’origine des taches sombres présentes sur quelque 210 pages du Codex Atlanticus, célèbre recueil de dessins et de notes de Léonard conservé depuis 1997 dans un micro-environnement contrôlé à la Biblioteca Ambrosiana de Milan.
Des analyses révélatrices
Alors que des études antérieures avaient exclu la possibilité que les taches soient dues à une détérioration microbiologique, de récentes analyses ayant impliqué l’imagerie par photoluminescence hyperspectrale et par fluorescence UV, a révélé des concentrations significatives d’amidon et de la colle vinylique dans les zones les plus touchées du codex (au niveau de la reliure).
L’équipe a également trouvé des dépôts de nanoparticules inorganiques sphériques composées de mercure et de soufre dans les cavités du passe-partout moderne utilisé pour relier les feuillets originaux du codex, lors de sa restauration à l’abbaye de Grottaferrata entre 1962 et 1972. Celles-ci ont été identifiées comme étant du métacinabre : du sulfure de mercure dans une « phase cristalline noire inhabituelle ».
Selon les chercheurs, de telles découvertes suggèrent que la colle a probablement été appliquée autour de la marge interne et près du folio, avant de sceller la structure « en sandwich » avec la couche supérieure du passe-partout. La structure aurait ensuite été placée sous la presse afin d’assurer son encollage et sa planéité.
« C’est probablement la raison pour laquelle les taches sombres n’apparaissent pas à la surface des fibres, mais comme incorporées dans la matrice cellulosique sous-jacente », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Scientific Reports.
Pollution atmosphérique et sel antibactérien
La présence de mercure serait liée à l’ajout d’un sel antibactérien dans le mélange de colle utilisé dans les techniques de restauration de Grottaferrata, qui aurait pu être appliqué uniquement dans certaines zones du passe-partout, afin d’assurer l’adhésion et prévenir les infestations microbiologiques sur le codex.
Celle de soufre serait quant à elle liée à la pollution atmosphérique (des niveaux élevés de dioxyde de soufre SO2 avaient été enregistrés à Milan dans les années 1970) ou aux additifs utilisés dans la colle qui, avec le temps, auraient entraîné une réaction avec les sels de mercure et la formation de particules de métacinabre, à l’origine des taches sombres.
Au cours des derniers mois, des travaux ont respectivement permis de résoudre un paradoxe observé et décrit par Léonard de Vinci à la Renaissance, et révélé que le polymathe avait saisi un aspect clé de la gravité bien avant Einstein.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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