Une épidémie mortelle de Salmonella multirésistante, ayant touché 225 personnes à travers les États-Unis à partir de 2018, pourrait avoir été provoquée par une forte augmentation de l’utilisation de certains antibiotiques chez les bovins un an plus tôt, ont rapporté les autorités sanitaires américaines.
Une épidémie mortelle
Entre juin 2018 et mars 2019, les responsables des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont enregistré une épidémie de Salmonella enterica de sérotype Newport. La souche était résistante à plusieurs antibiotiques, notamment l’azithromycine, un traitement utilisé contre cette même bactérie. Avant l’épidémie, la résistance de ce germe à l’azithromycine était extrêmement rare : il a en effet fallu attendre 2016 pour qu’un premier cas soit observé aux États-Unis. Pourtant, lors de l’épidémie de 2018-2019, celui-ci a touché au moins 225 personnes dans 32 États. Parmi les malades, au moins 60 ont été hospitalisés et deux sont décédés.
Les chercheurs chargés d’enquêter sur ces cas ont découvert que de nombreux malades avaient consommé du bœuf en provenance des États-Unis ainsi que des fromages à pâte molle fabriqués au Mexique (principalement du queso fresco, fait à partir de lait non pasteurisé). Les tests réalisés en laboratoire suggèrent que les vaches des deux pays sont porteuses du germe. Dans un rapport publié fin août, les CDC avaient souligné une forte hausse de l’utilisation d’antibiotiques macrolides au sein de nombreux élevages bovins entre 2016 et 2017. Et il se trouve que les traitements employés incluaient la fameuse azythromycine.
La surutilisation des antibiotiques mise en cause
Les antibiotiques d’une même classe agissant de la même façon pour tuer les bactéries, les chercheurs suggèrent que la hausse de l’utilisation des macrolides aurait pu favoriser l’augmentation et la propagation de la souche Newport, résistante à l’azithromycine : « L’utilisation d’antibiotiques sur le bétail peut entraîner la sélection de souches résistantes. La hausse de 41 % de l’utilisation de macrolides dans de nombreux élevages américains entre 2016 et 2017 pourrait avoir accéléré ce processus. Éviter l’utilisation inutile d’antibiotiques chez les bovins, en particulier ceux qui sont également utilisés chez l’humain, pourrait aider à prévenir la propagation de la souche Newport, multirésistante aux médicaments. »
Ces dernières années, environ 70 % des antibiotiques produits aux États-Unis ont été vendus afin de traiter des animaux. Les autorités sanitaires du pays affirment que leur utilisation, massive au sein des élevages, devrait être considérablement réduite afin de préserver l’efficacité de ces composés chez l’humain. Afin de réduire le risque d’infections, qu’elles soient causées ou non par des bactéries multirésistantes, les scientifiques conseillent aux consommateurs d’éviter les fromages au lait cru et de cuire suffisamment la viande de bœuf. Les biftecks et les rôtis devront être cuits à plus de 65 degrés pendant au moins 3 minutes, et les produits à base de viande hachée (saucisses, steaks…) devront bénéficier d’une cuisson à cœur.
Il y a quelques mois, l’OMS estimait que les bactéries étaient de plus en plus résistantes aux antibiotiques, à cause d’une surconsommation ou d’une mauvaise utilisation de ces derniers. Une tendance inquiétante qui pourrait à terme rendre les infections courantes et les petites blessures à nouveau mortelles.
Par Yann Contegat, le
Source: Ars Technica
Étiquettes: epidemie, antibiotique, super-bacterie, bactérie
Catégories: Actualités, Santé
Même dans les prisons françaises on mange mieux… condamnés les enfants sans même avoir prévenus les parents… on se croirait dans une petites ville soi disant tranquille de banlieue parisienne…