Les standards de beauté déforment la perception de notre corps. Trop mince, trop gros, pas assez de formes… Beaucoup de personnes, notamment les jeunes, culpabilisent de leur apparence physique. Celles qui se sentent en surpoids (que ce soit réellement le cas ou non) vivent un mal-être si intense que le risque de tomber en dépression est accru.
L’étude établit un lien fort entre la perception de son corps et les symptômes de la dépression
Une unité de chercheurs à l’université de Liverpool a examiné les résultats de 32 études menées depuis 1991 sur le lien entre le fait de se sentir en surpoids, voire obèse, et les symptômes de dépression. Les milliers de participants dont il est question viennent de régions différentes (Europe de l’Ouest, Asie du Sud-Est). Ils devaient noter leur perception de leur corps en estimant à quelle catégorie ils appartenaient (sous-poids, normal, surpoids léger, obésité, etc.). En parallèle, leur indice de masse corporel permettait de calculer de façon objective leur poids et donc déterminer vraiment à quelle catégorie ils correspondaient.
Cette auto-évaluation montrait que les personnes qui estiment être en surpoids présentaient des symptômes de dépression et des pensées suicidaires plus élevés par rapport à eux qui voyaient leur corps comme étant dans la norme. Ce risque transcende la question de genre, d’âge ou de pays, puisqu’il est très répandu parmi les participants.
En revanche, les chercheurs ne peuvent définir avec certitude quel est le lien entre perception du corps et dépression : la dépression peut mener vers une perception erronée de son corps (dont le fait de se sentir en surpoids), tout comme se sentir en surpoids pourrait mener à la dépression.
La perception erronée de son corps porte un nom : la dysmorphophobie
Le fait de se sentir en surpoids n’est pas anodin : c’est même un problème sociétal. Justement, le terme dysmorphophobie traduit une réalité effrayante : celle de voir son corps de façon difforme. Cela peut concerner une zone précise du corps, qui nous pose problème, parce qu’on la considère comme un “défaut”. Plus que cela, cette zone devient obsessionnelle, et l’on fait tout pour la changer ou au moins la dissimuler. Mais la dysmorphophobie peut aussi concerner le corps dans son ensemble. Ainsi, beaucoup de personnes peuvent se trouver enrobées, alors que leur indice de masse corporel est dans la norme scientifique établie.
Plusieurs facteurs expliquent cette perception erronée de soi. La plupart découlent des normes sociales : admirer les corps véhiculés par les médias, alors qu’ils sont retravaillés et retouchés en permanence, nous fait détester notre corps. Mais de nombreux mouvements liés à la “body-positivity” émergent de plus en plus, afin d’aider les personnes concernées (en particulier les femmes) à s’apprécier telles qu’elles sont. Le mouvement I Weigh lancé par Jameela Jamil, actrice connue pour son rôle de Tahani dans The Good Place, s’inscrit dans cette lignée. Le but est d’aider les gens en surpoids ou sous-poids, ou plus globalement mal dans leur peau, à se détacher de leur apparence physique et comprendre que leur vraie valeur est leur personnalité.
Par Yasmine Amimoussa, le
Source: Newscientist
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