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Stocker le CO2 sous terre : une étude alerte sur la saturation possible du stockage souterrain, un enjeu pour le climat mondial

Face à l’urgence climatique, le captage et le stockage du CO₂ industriel représentent une solution prometteuse. Pourtant, une récente étude souligne les limites potentielles de cette stratégie, posant la question de sa viabilité à long terme.

Vue d’une raffinerie industrielle avec de grandes cheminées rejetant de la vapeur et des gaz dans l’atmosphère.
Le stockage souterrain du CO₂ suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes pour la lutte contre le changement climatique – DailyGeekShow.com

Avec des réserves qui pourraient s’épuiser d’ici 2200, l’humanité doit repenser l’usage de cette technologie. Cette réflexion est cruciale pour adapter les politiques environnementales aux réalités géologiques et économiques.

Le captage et le stockage du CO₂ : une stratégie essentielle pour la neutralité carbone

Le captage, la valorisation et le stockage du dioxyde de carbone (CVSC) sont au cœur des politiques de réduction des émissions.

Le principe est simple : récupérer le CO₂ généré par les sites industriels, le transporter, puis l’injecter dans des formations géologiques profondes. En France, deux types de stockage ont été évalués : 1,1 gigatonne dans des pièges géologiques fermés et 3,7 Gt dans des nappes d’eau salée, selon la DGEC.

Pour compenser le manque d’espace national, la France a signé des partenariats avec le Danemark et la Norvège. Ces accords permettent d’utiliser des capacités situées sous le plancher océanique, estimées à 23 Gt et 80 Gt respectivement. En théorie, ces volumes devraient offrir une solution durable à l’industrie.

Une capacité mondiale de stockage limitée dans le temps

Une étude publiée dans la revue Nature alerte sur un épuisement du stockage mondial possible d’ici 2200. En excluant les zones sensibles, peu accessibles ou à risques, les chercheurs estiment le potentiel de stockage géologique à 1 460 gigatonnes, dont 70 % situés sur terre.

Cette estimation prudente intègre des facteurs comme les règlementations locales, la densité de population, ou encore le soutien gouvernemental.

Les zones à fort potentiel incluent la Russie, les États-Unis, la Chine, le Brésil et l’Australie. Tous ces pays produisent d’importantes quantités d’énergies fossiles. Ils pourraient donc réinjecter le CO₂ sur site, réduisant ainsi les coûts logistiques.

Des obstacles économiques majeurs

Pour le professeur David Dempsey, de l’université de Canterbury, le frein majeur au développement de la CVSC reste économique.

En Nouvelle-Zélande, les anciens gisements gaziers de Kapuni et de Maui pourraient servir de réservoirs. Pourtant, seuls quelques secteurs comme la géothermie y voient un intérêt.

Même si tous les projets en cours se concrétisent, seulement 500 millions de tonnes de CO₂ seraient injectées chaque année. Ce chiffre est bien en deçà de la capacité mondiale, mais il soulève une interrogation : la rentabilité est-elle assurée ?

Une technologie d’avenir à encadrer dès maintenant

En France, sur les 4,8 Gt de capacités identifiées, toutes ne sont pas exploitables économiquement. Cette situation souligne l’importance d’une gouvernance rigoureuse, appuyée par une évaluation continue des sites, des avancées technologiques constantes et une coopération internationale renforcée.

Le stockage géologique du CO₂ doit rester un outil clé, mais il doit s’inscrire dans une stratégie globale pour la neutralité carbone. Il ne peut se substituer aux autres leviers de transformation, mais en complément, il demeure essentiel.

Ce constat incite à une planification stratégique intégrée, combinant sobriété, innovation et adaptation aux contraintes du terrain.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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