Du crissement des ongles sur un tableau au claquement du goutte-à-goutte incessant d’un robinet qui fuit, certains sons ont une capacité remarquable à nous donner des frissons dans le dos et à nous faire reculer de dégoût. La question est de savoir pourquoi certains sons sont si désagréables.
Entre évolution et biologie, le traitement du son est un phénomène complexe
C’est une expérience universelle : ce sursaut, cette antipathie, cette grimace involontaire déclenchée par un son précis. Qu’il s’agisse du crissement d’un ongle sur un tableau, du gémissement aigu d’une perceuse ou du claquement rythmé des lèvres, certains bruits ont l’étrange capacité de nous donner des frissons dans le dos et de nous faire souhaiter avoir des cache-oreilles soniques. Cette réaction négative à l’exposition à certains sons est ce qu’on appelle de la misophonie.
La question est de savoir pourquoi nous souffrons de misophonie. En effet, pourquoi certains sons – bien qu’ils soient inoffensifs en soi – possèdent ce super-pouvoir de provoquer une agonie sonore ? La réponse réside dans une intersection complexe de la biologie et de l’évolution. Diverses études suggèrent que notre aversion pour certains sons pourrait être un ancien mécanisme de défense, câblé depuis une époque où les fréquences plus élevées signalaient un danger. Nos ancêtres qui reculaient face à des sons aigus avaient probablement plus de chances de survivre.
Et cette sensibilité a peut-être été transmise de génération en génération, faisant de nous tous des mini-détecteurs de certains sons qui signalent potentiellement un danger. Sur le plan biologique, il faut savoir que notre cerveau joue également un rôle dans cette aversion sonore. Des études d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) ont notamment révélé que certains sons activent l’amygdale (une région du cerveau associée au traitement émotionnel) et le cortex auditif plus intensément chez les personnes souffrant de misophonie.
Un phénomène très variable d’un individu à un autre
Par ailleurs, des facteurs psychologiques, culturels et individuels façonnent également nos préférences et nos aversions auditives. En effet, l’importance accordée à des sons particuliers varie selon les cultures, influençant nos réponses émotionnelles. De plus, les expériences personnelles et les associations contribuent au développement de préférences liées au son. Par exemple, une personne qui associe un son particulier à un souvenir négatif peut ressentir une profonde aversion en l’entendant.
Il est également intéressant de savoir que la frontière entre l’aversion et l’appréciation d’un son est étonnamment mince. Certains bruits qu’une personne déteste peuvent apporter de l’apaisement et du plaisir à une autre. Cette variation individuelle met en évidence le rôle complexe du cerveau dans l’interprétation du son. Dans tous les cas, avoir une bonne compréhension de la misophonie est important, dans la mesure où il ne s’agit pas seulement d’une petite réaction passagère chez certaines personnes. En effet, il existe des cas où ce phénomène peut être si intrusif que cela nécessite une approche médicale pour s’en défaire.
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