Si sept ou huit heures par nuit sans interruption sont aujourd’hui considérées comme la norme pour un sommeil sain, il s’avère que les habitudes en la matière ont considérablement varié au fil des époques et contextes culturels.
Un sommeil biphasique
En étudiant son profil en Europe et en Amérique durant l’ère médiévale, le professeur Ekirch, de l’université de Virginie, a constaté que les gens avaient l’habitude de dormir par segments, avec une première et une seconde période de sommeil séparées de quelques heures consacrées à des activités telles que le sexe, la préparation des repas ou la prière. La pratique consistant à dormir toute la nuit ne semble s’être imposée que quelques siècles plus tard, lorsque l’électricité et la révolution industrielle ont modifié à jamais nos comportements.
Les vestiges du sommeil biphasique mentionné dans de nombreux textes médiévaux, médicaux, œuvres littéraires et livres de prière se retrouvent également dans notre société moderne. « Un grand nombre de personnes qui souffrent aujourd’hui d’insomnie de milieu de nuit, principal trouble du sommeil aux États-Unis et dans la plupart des pays industrialisés, font en fait l’expérience d’un vestige ou d’un écho très puissant de ce modèle de sommeil antérieur », estime Ekirch.
Cela ne signifie pas pour autant que nous devrions considérer cette forme biphasique comme « normale » ou plus saine que les autres types de sommeil. « Le sommeil naturel n’existe pas. Il a toujours été culturel, social et idéologique », souligne Brigitte Steger, de l’université de Cambridge.
En outre, il serait trop simpliste de considérer la révolution industrielle comme un tournant clair, ayant changé radicalement les habitudes de sommeil. « Il n’existe pas de différence aussi nette entre les habitudes de sommeil pré-industrielles et modernes », poursuit Steger. « Celles observées tout au long de l’époque préindustrielle dans le monde entier ont continuellement évolué et étaient également influencées par la situation sociale. Ces dernières étaient par exemple très différentes à la cour et chez les paysans. »
Davantage de recherches nécessaires
D’autres chercheurs, comme Gerrit Verhoeven, enseignant à l’université d’Anvers en Belgique, n’ont pas trouvé de preuves de changements fondamentaux dans les habitudes de sommeil à travers l’histoire humaine.
« En tant qu’historien, je suis préoccupé par le fait que les prétendus modes de sommeil du passé, prolongé, biphasique ou avec des siestes pendant la journée, soient parfois présentés comme un remède possible à nos troubles du sommeil modernes », avance-t-il. « Avant de tirer de telles conclusions, davantage de recherches sur les schémas de sommeil du début de l’ère moderne devront être menées. »
Je viens d’apprendre que j’ai un sommeil diphasique. En effet je m’endors tôt, me réveille deux heures après, en pleine forme pour lire, peindre, broder pendant trois heures environ, puis je finis ma nuit avec un bon sommeil jusqu’au matin. Je récupère bien de jjma fatigue et je suis en pleine forme toute la journée.