Dans cette vidéo pleine de bon sens et de pédagogie, Noémie de Lattre, une autrice, metteuse en scène et humoriste, épingle le sexisme de la langue française. Ce sexisme ordinaire, que les petites filles apprennent dès l’âge de six ans avec l’idée que « le masculin l’emporte sur le féminin » porte intrinsèquement un message violent en plus d’être complètement absurde. En effet, si l’une des règles les plus fondatrices de notre langue déclare que « le masculin l’emporte sur le féminin », ce n’est pas un hasard mais plutôt une véritable volonté de diminuer la valeur du féminin. Affirmer cette phrase revient à dire aux petites filles qu’être un garçon, c’est mieux et que les garçons sont plus forts. C’est lui dire texto « tu vaux moins qu’un homme ».
Cela est prouvé par le fait que cette règle n’a pas toujours prévalu et n’a été instaurée qu’en 1647, sous prétexte que « le masculin étant plus noble, il prédomine ». Jusqu’en 1647, la grammaire française était calquée sur la grammaire latine, qui accordait les mots en vertu de la règle de « proximité », c’est-à-dire que le verbe ou l’adjectif s’accordait au sujet le plus proche. Par exemple, on pouvait dire : « Cet homme et ses filles sont belles », ou encore « Mille femmes et un homme sont beaux ». Point de sexisme dans cette loi, seulement une question de cohérence lexicale.
L’influence de ces mots, et du sexisme ordinaire que l’on trouve au sein de la langue française, est beaucoup plus important qu’on le croit car comme le dit Noémie de Lattre, et qui est corroboré par de nombreux chercheurs en linguistique et littérature comme Éliane Viennot, « c’est avec les mots que l’on pense, et c’est avec nos pensées que l’on crée le monde dans lequel on vit ». Les mots qu’on utilise façonnent notre vision du monde mais également celui-ci en lui-même.
Par Jeanne Gosselin, le
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Rabâchage des mêmes arguments biaisés. Ni cette dame ni Mme Viennot, qui sert de principale caution à ces prises de position, ne son linguistes. Ce point de vue idéologique ignore le fonctionnement réel des langues, régi par le principe d’économie et qui tend à écarter ce qui serait source d’ambiguïtés et de confusions. Les complications infinies de l’écriture dite « inclusive » sont telles que même ses promoteurs ne réussissent pas à en respecter les règles dans leurs publications.
Allez voir plutôt les travaux de gens qui savent de quoi ils parlent.
Dans « Le féminin et le masculin dans la langue : l’écriture inclusive en question » (ESF, mai 2019), les linguistes Danièle Manesse (professeur des universités, polyglotte et… féministe ; des dizaines de publications, près de 50 ans de travail de terrain…) et Gilles Siouffi interrogent le sexisme supposé du français. Dans cet ouvrage collectif qu’ils ont co-dirigé, ils interrogent à la fois le problème soulevé par l’écriture inclusive, à savoir le fait que la langue soit porteuse d’inégalités, et la solution qui est proposée, consistant à changer la manière d’écrire, au prix d’une complexité syntaxique qui risque de ne pas faciliter son apprentissage.C’est la société qui modifie la langue, et non l’inverse. C’est pourquoi, selon les auteurs, les partisans de l’écriture inclusive se trompent de combat, en estimant que la langue peut réduire l’invisibilisation des femmes en changeant les règles d’accord : L’écriture inclusive part d’une idée fausse sur la langue, selon laquelle la langue est à l’image du monde, et se fait le reflet de la société. L’invisibilité des femmes est liée à l’oppression des femmes dans l’histoire, pas à la langue. (Danièle Manesse)