Alors que des missions de plus en plus longues sont envisagées dans l’espace, la question se pose de savoir si les rapports intimes sont possibles et si la procréation pourrait donner lieu à une naissance. Si oui, l’embryon développé serait-il normalement constitué ? Le DGS tente pour vous de répondre à ces questions.
Depuis que la première femme s’est rendue dans l’espace, les relations sexuelles et la procréation ont toujours interrogé les scientifiques. Parce que les missions sont vouées à devenir toujours plus longues, mais aussi parce qu’à terme, l’Homme espère coloniser d’autres planètes que la sienne, ce qui passe évidemment par la reproduction de son espèce. Mais peut-on vraiment s’ébattre dans le cosmos, et surtout, peut-on procréer ?
Avant de parler de coïts humains hors de l’orbite terrestre, mentionnons les premières expériences réalisées sur le sujet. Comme pour chaque essai réalisé sur l’Homme, celui-ci a d’abord tenu à l’expérimenter sur ses cobayes préférés : les animaux. Dès 1979, des tests ont donc été menés sur des rats, des poissons, des insectes et bien d’autres bêtes encore. Et les résultats sont mitigés.
Les scientifiques ont tenu à tester différents scénarios, des rapports sexuels en apesanteur mais sans radiation solaire, à la fécondation en centrifugeuse mais dans l’espace. De ces essais, il ressort que la fécondation cosmique est bien plus difficile que sur Terre, absence de gravité oblige. Par exemple, une expérience menée en 1994 sur des poissons nécessita 21 tentatives pour qu’enfin, la copulation ait lieu correctement. Jusqu’à cette réussite, les amants ne parvenaient pas à garder leur position suffisamment longtemps pour mener à bien leur « mission ». Des 43 oeufs qui résultèrent de cette union spatiale, seuls 8 alevins en sortirent.
Deux autres essais réalisés en 1996 et en 1998 à bord de la station orbitale Mir aboutirent à des conclusions plus ou moins similaires. En testant la fécondation naturelle et le développement embryonnaire chez des urodèles, une espèce d’amphibiens, les scientifiques ont pu constater que ces deux étapes pouvaient se réaliser dans l’espace. Mais ils observèrent surtout des anomalies à certains stades du développement embryonnaire. La gravité s’avérait alors une composante importante de la procréation.
Mais à l’heure d’aborder les relations sexuelles humaines dans l’espace, les astronomes se veulent bien moins loquaces. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que jusqu’à aujourd’hui, aucune naissance humaine n’a été recensée dans l’espace. En ce qui concerne les ébats amoureux, le constat serait différent. L’URSS aurait ainsi mené une expérience de ce genre en 1982, visant à procréer un enfant du cosmos. Sans succès. Mais ce qui ressort des différentes études sur le sujet est que l’absence de gravité lors de relations sexuelles complique considérablement la chose. Par exemple, la faculté des amants à rester proches ou à ne pas être projetés dans tous les coins de la navette pose question. Sans, bien sûr, rendre la chose impossible. A force de volonté et de patience, on imagine sans mal qu’un couple de spationautes puisse réussir à copuler.
La fécondation, en revanche, semble bien plus compliquée dans l’espace que sur Terre. C’est ce qui ressort notamment des essais menés sur les animaux, mais aussi de l’étude de la physique et de la biologie elles-mêmes. Ainsi, le processus de fécondation, puis de développement embryonnaire, sont partiellement conditionnés par la gravité. Par exemple, l’union d’un spermatozoïde et d’un ovule parait bien plus difficile en apesanteur, comme l’explique Laura Woodmansee, auteure de « Sex in Space », et qui indique qu’une fécondation dans l’espace pourrait entrainer « une grossesse extra-utérine ».
Mais c’est le développement d’un foetus qui interpelle le plus. On sait par exemple que sans gravité, l’homme perd chaque jour de sa densité osseuse, ce qui rend ses os plus fragiles. Et si cela n’impacte que très peu la constitution physique d’un voyageur cosmique sur un trajet court, comme un aller-retour vers la Lune, la communauté scientifique prend très à coeur ce problème pour des missions plus longues. Les occupants de la Station spatiale internationale (ISS) ont ainsi l’obligation de s’entrainer physiquement chaque jour pour éviter une trop grande perte de densité osseuse. Cette donnée interpelle dès lors sur la constitution d’un foetus dont l’évolution aurait eu lieu hors de la pesanteur terrestre. Mais ce n’est pas le seul problème soulevé par une fécondation spatiale. Ni le plus grave.
Les radiations solaires, voilà la réelle menace qui plane sur le développement d’un embryon cosmique. Sur Terre, l’Homme est protégé, grâce à un champ magnétique, de ces radiations émises par les éruptions solaires. Mais loin de leur planète originelle, les spationautes sont victimes de ces émissions de particules qui sont dangereuses pour leur composition physique. Un embryon se développant dans l’espace serait alors bien plus vulnérable à ce danger, comme l’explique Laura Woodmansee, qui évoque « des malformations congénitales » engendrées par les radiations solaires.
Le sexe dans l’espace est donc plus compliqué que sur Terre. La procréation est, quant à elle, plus complexe, voire dangereuse. Il faudra donc étudier davantage ce processus avant de s’envoler vers de lointaines destinations. Saviez-vous que procréer dans le cosmos pouvait être mauvais pour l’embryon ou pensiez-vous que la fécondation y était sans danger ?
Par Maxime Magnier, le
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