L’examen des données sismiques recueillies par la sonde InSight de la NASA a offert un aperçu sans précédent du noyau de Mars, dont la composition se révèle significativement différente de celle de notre planète.
Un cœur martien principalement liquide
Les ondes sismiques traversant les entrailles d’une planète se déplaçant à des vitesses différentes en fonction des matériaux et des structures qu’elles rencontrent, l’enregistrement de telles variations peut révéler des détails précieux sur sa structure interne.
Publiée dans la revue PNAS, la nouvelle étude s’est appuyée sur les données relatives à deux événements sismiques, dont les épicentres étaient situés sur l’autre hémisphère de la planète rouge par rapport à InSight et son sismomètre. Le premier était un « marsquake » s’étant produit en août 2021 à proximité de Valles Marineris, plus grand canyon du Système solaire, et le second un impact météoritique à l’origine d’un cratère d’environ 130 mètres de diamètre, survenu au cours du mois suivant.
Si les noyaux de la Terre et de Mars sont principalement constitués de fer liquide, la concentration d’éléments plus légers, tels que le soufre, l’oxygène, le carbone et l’hydrogène, est environ deux fois plus importante dans la couche la plus profonde de notre voisine, s’avérant par conséquent significativement moins dense que celle de notre planète.
Ces données ont également permis d’estimer plus précisément la taille du noyau martien, se révélant sensiblement plus faible que prévu. Avec une épaisseur comprise entre 1 780 à 1 810 kilomètres (contre 2 300 kilomètres pour son homologue terrestre), le coeur liquide de Mars représente environ 53 % du rayon total de la planète.
Le rôle essentiel du noyau
La composition du noyau d’une planète ou d’une lune rocheuse détermine en grande partie sa capacité à abriter la vie. Sur Terre, celui-ci s’avère essentiel à la création du puissant champ magnétique qui nous protège des rayonnements solaires et cosmiques nocifs.
« L’une des principales façons dont un noyau peut influer sur l’habitabilité est de générer une dynamo planétaire », souligne Jessica Irving, sismologue à l’université de Bristol et auteure principale de la nouvelle étude. « Bien qu’il l’ait fait il y a des milliards d’années, celui de Mars n’a probablement plus le mouvement énergique et turbulent nécessaire pour générer un tel champ. »
Après quatre ans de bons et loyaux services, la sonde InSight s’est définitivement tue en décembre dernier (l’accumulation de poussière empêchant le rechargement de ses batteries solaires). Selon Vedran Lekic de l’université du Maryland, en apprendre davantage sur les processus géologiques martiens passera par le déploiement d’un réseau de sismomètres à sa surface.