L’analyse de végétaux anciens provenant d’un site archéologique turc suggère qu’une sécheresse intense et durable aurait entraîné l’abandon des principales cités hittites il y a environ 3 000 ans.
Une sécheresse extrême à l’origine de l’abandon des principales cités hittites
Ayant existé pendant près de cinq siècles, l’Empire hittite englobait la majeure partie de l’actuelle Turquie et constituait l’une des principales puissances géopolitiques de l’époque, caractérisée par une maîtrise avancée du fer, un système d’écriture cunéiforme et une armée capable de rivaliser avec celle de l’Égypte voisine. Ses principales cités ont commencé à être abandonnées vers 1200 avant J.-C., conduisant au morcellement de l’empire en États indépendants par la suite envahis par les Assyriens, venus de l’est.
Si plusieurs causes ont été proposées au fil des années, notamment des épidémies, la famine, une aridité croissante ou des invasions antérieures par de mystérieux « peuples de la mer » auxquels les textes égyptiens faisaient référence, des chercheurs de l’université Cornell ont découvert des preuves d’un épisode de sécheresse intense et prolongé lors de l’examen d’un gigantesque tumulus de l’ancienne cité de Gordion. Érigé vers 748 avant notre ère, celui-ci aurait été construit pour le père du roi Midas.
L’examen des cernes de rondins de genévrier provenant de la chambre funéraire a montré
que les arbres avaient poussé entre 1775 et 748 avant Jésus-Christ. La diminution des précipitations affectant la croissance des végétaux, indiquée par un rétrécissement des intervalles entre les cernes, les chercheurs ont relevé 80 cas de deux années consécutives ou plus de faibles précipitations. Notamment entre 1198 et 1196 avant J.-C., correspondant au moment où les villes hittites ont commencé à être abandonnées.
Ces résultats ont été confirmés par un autre type de test, consistant à mesurer le rapport entre les différentes formes de carbone dans les échantillons de bois. Celui-ci a révélé une augmentation progressive de l’aridité atmosphérique entre 1300 et 1200 avant J.-C., ainsi que des pics de sécheresse de 1222 à 1195 avant notre ère.
Des pénuries de nourriture majeures
« La plupart des grandes sociétés de l’époque disposaient de réserves qui leur auraient permis de surmonter une mauvaise récolte, mais pas deux ou trois d’affilée », estime Stuart Manning, auteur principal de la nouvelle étude publiée dans la revue Nature. « Cette sécheresse intense et prolongée aurait sans doute causé des pénuries de nourriture majeures et profondément impacté la situation économique de l’empire. »
Selon Alan Greaves, de l’université de Liverpool, ces résultats offrent un aperçu fascinant des changements climatiques intervenus à cette époque.
« Comment payer les soldats, comment payer les artisans pour qu’ils fabriquent des objets ? Une sécheresse courte et brutale suffirait à renverser un État très centralisé, fortement tributaire de la production céréalière ainsi que de la collecte et la distribution de biens agricoles », conclut-il.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: sécheresse, empire hittite
Catégories: Actualités, Histoire