Des scientifiques ont fait une découverte totalement inattendue. Alors qu’ils peinent à mettre au point de nouveaux états de la matière depuis une dizaine d’années, ils en ont repéré un à l’état naturel dans l’oeil des poulets. DGS vous donne tous les détails de cette trouvaille insolite.
Tout d’abord, voici les trois états de la matière les mieux connus à ce jour : liquide, solide et gazeux (on parle aussi du plasma en tant que quatrième). Ces caractéristiques se rencontrent partout où les conditions de température et de pression restent dans le domaine de l’habituel. De nombreux autres existent de manière théorique, lorsque ces conditions deviennent plus extrêmes. Depuis de nombreuses années, les chercheurs essaient de mettre en évidence un autre état, synonyme de nouveaux arrangements microscopiques et porteurs de potentielles innovations technologiques. C’est une équipe américaine de l’université de Princeton et de Saint-Louis qui y sont parvenus les premiers… en observant un oeil de poulet. Ils ont ainsi découvert que l’état « hyper-uniforme désordonné » existait déjà dans la nature.
La structure d’un matériau sous cet état se comporte à la fois comme un solide cristallin et comme un liquide. D’une part parce qu’il possède une très grande régularité dans l’agencement des molécules et d’autre part parce qu’elles sont également dans le désordre le plus complet. Cela pourrait combiner des propriétés propres aux solides et aux liquides, en théorie incompatibles, comme la flexibilité et la capacité à transmettre la lumière de manière efficace. C’est de cette façon que fonctionne la rétine des yeux des poulets.
Comme pour tous les oiseaux diurnes, les yeux des gallinacés sont composés de cinq types de cônes différents. Quatre d’entre eux servent à identifier les couleurs (vert, violet, rouge et bleu) et le dernier détermine l’intensité de la lumière (blanc). L’organisation de ces cellules correspond à la perfection à ce que les scientifiques ont toujours tenté de reproduire avec les matériaux hyper-uniformes désordonnés. C’est-à-dire une structure à grande échelle très régulière et un agencement désordonné au niveau local.
En analysant l’oeil de poulet de plus près, les chercheurs ont compris que ce genre d’organisation était la meilleure façon de disposer du plus grand nombre de cellules sur une surface dont la taille est limitée, comme la rétine d’un oeil par exemple. Ils expliquent le phénomène en montrant que chaque cellule possède une « zone d’exclusion » qui empêche une autre cellule du même type de venir se loger. Au niveau de l’usage, ce genre de matériau serait idéal pour concevoir des fibres et circuits optiques capables de transmettre la lumière aussi efficacement qu’un cristal tout en étant souple comme un liquide. Il est également possible d’imaginer des détecteurs de lumière seulement sensibles à certaines fréquences.
Tout comme les scientifiques, nous avons été impressionnés de voir que des états de matière à priori théoriques existaient déjà dans la nature, notamment dans les yeux des gallinacés. Nous espérons que cette découverte mènera à de nombreuses innovations, sans trop faire de mal à ces pauvres poulets :P. Pensez-vous que l’on mettra à jour d’autres secrets de la nature qui pourront faire avancer la science ?
Par Alex Dobro, le
Source: Sciences et Avenir