Un sarcophage aurait été exhumé par les archéologues lors de fouilles dans les ruines romaines du village de Los Villaricos, situé dans le sud de l’Espagne. Mais c’est loin d’être le plus étonnant : en effet, ce sarcophage a été retrouvé très bien conservé et orné de motifs bien particuliers.
L’histoire de ce sarcophage
Ce sarcophage est orné de motifs géométriques et de feuilles de lierre entrelacées. Selon le quotidien local Murcia Today, il serait daté du sixième siècle après Jésus-Christ. Cela correspond à la période lors de laquelle les Wisigoths, tribu germanique, ont commencé à envahir les terres appartenant auparavant à l’Empire romain, qui s’était écroulé environ deux siècles plus tôt.
Mesurant 1,5 m de long, il a été retrouvé à Los Villaricos, une ancienne colonie agricole de l’Empire romain antique et fondée au premier siècle après Jésus-Christ. Elle avait été construite le long d’une route commerciale entre Carthage et Complutum et à son apogée, elle produisait et stockait essentiellement de l’huile d’olive. Transformée en villa dans un second temps, elle fut ensuite abandonnée lorsque l’Empire romain finit par tomber aux mains de ses envahisseurs.
Elle fut alors réinvestie par les Wisigoths qui, entre le cinquième et le septième siècle après Jésus-Christ, transformèrent l’oecus (grand salon dans lequel les patriarches romains recevaient leurs invités) de la villa en une basilique chrétienne, informe National Geographic. Ils ont également transformé le patio en une nécropole ad sanctos, autrement dit une nécropole sainte. Il a été découvert par une équipe d’archéologues travaillant pour l’université de Murcia. Des restes humains ont également été retrouvés à l’intérieur du sarcophage.
Des symboles chrétiens mis au jour
Mais les motifs géométriques et les feuilles entrelacées ne sont pas tout ce qu’on a pu observer sur le sarcophage. Selon Murcia Today, les chercheurs ont également remarqué la présence du symbole Chi Rho, sculpté sur le dessus du cercueil. Ce monogramme est composé de deux lettres, toutes deux issues de l’alphabet grec. Par ailleurs, elles sont les deux premières lettres du mot grec désignant le Christ : chi (X) et rho (P). Ce monogramme, ou christogramme, a donc pour objectif de représenter Jésus, et plus précisément sa résurrection, selon Philip Kosloki, journaliste chez Aleteia.
Ce monogramme désigne sans aucun doute une allégeance à l’Empire romain, puisque l’empereur Constantin, premier empereur chrétien et qui mit fin aux persécutions contre ces derniers, aurait adopté ce symbole comme étendard militaire. Cette décision avait été prise après avoir eu une vision en priant. Au fur et à mesure, ce christogramme devint un emblème impérial officiel. On peut également le voir apparaître dans de nombreuses œuvres d’art chrétiennes primitives.
Une découverte spectaculaire
Selon le communiqué des archéologues et de l’université, les fouilles avaient donc été réalisées en trois étapes. La première avait eu lieu dans une zone qui alimentait le village en eau. La deuxième s’était concentrée sur la zone dite de la piscine, où les colons produisaient et stockaient un produit malheureusement inconnu des archéologues, et la troisième s’était concentrée sur les tombes du village. Rafael González Fernández, que nous avons cité plus tôt, ajoute : « La campagne de cette année a été axée sur la fin de la fouille des trois dernières sépultures de la nécropole et la poursuite des travaux de fouilles du complexe situé au nord de la ville. »
Lorsqu’ils ont commencé à découvrir la pierre, les archéologues n’ont pas tout de suite pensé à un sarcophage, mais plutôt à un pilastre ou une colonne. En effet, la découverte de ce sarcophage n’est rien d’autre que spectaculaire, et le chercheur principal de ces fouilles, González Fernández, ne s’y attendait clairement pas, comme il l’a révélé au London Times.
Comme nous le disions plus tôt, cette découverte est purement spectaculaire. « Ce sarcophage … montre la puissance archéologique de [Los Villaricos] et confirme l’engagement des archéologues à l’université de Murcia. Sans aucun doute, la pièce occupera une place privilégiée dans le musée de la ville de Mula », estime Diego J. Boluda, conseiller municipal local, à National Geographic. Il rejoindra donc les précédentes découvertes faites à Los Villaricos, qui comprennent entre autres des mosaïques, un moulin à olives et une citerne, déclare Murcia Today.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: Smithsonianmag
Étiquettes: wisigoth, espagne, sarcophage
Catégories: Actualités, Histoire