Une nouvelle étude décrit une zone exceptionnellement riche en orchidées à proximité de Novossibirsk, en Sibérie. Quatorze espèces y ont été documentées, avec jusqu’à 5 000 spécimens recensés pour l’une d’entre elles.
Une découverte importante
On dénombre aujourd’hui quelque 28 000 espèces d’orchidées sauvages dans le monde, principalement concentrées dans les zones tropicales. En net déclin en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, en raison des activités humaines (destruction de l’habitat, transformation des écosystème et récolte des fleurs à l’état sauvage), ces fleurs supportant difficilement la concurrence des plantes herbacées ou graminées sont généralement repoussées dans les zones séparant les prairies des forêts et les forêts des marécages au sein des régions boréales.
Afin de préserver les nombreuses espèces menacées, plusieurs zones protégées ont été créées ces dernières années. Décrite dans la revue Acta Biologica Sibirica, l’identification d’un zapovednik, ou « sanctuaire naturel », présentant une forte concentration d’orchidées dans la région de Novossibirsk (abritant 30 des 40 espèces connues en Sibérie) constitue une découverte importante, tant d’un point de vue scientifique qu’écologique.
Au début des années 2000, Yuri Panov, professeur de biologie local, avait identifié une zone particulièrement riche en orchidées. Une dizaine d’années plus tard, des incendies avaient frappé la région, mais les populations de ces fleurs avaient heureusement été épargnées. En réalité, la perturbation engendrée avait même partiellement contribué à leur croissance, en réduisant la concurrence des herbes et des arbustes. Cependant, le risque élevé de feu de forêt avait poussé les chercheurs à lancer une étude botanique approfondie des lieux.
Arpentant la région depuis 2017, les scientifiques de l’université fédérale de Kazan y ont recensé un total de 14 espèces d’orchidées, dont certaines n’avaient pas encore été signalées.
Des orchidées par milliers
Considérée comme « unique », la zone abrite l’une des plus grandes populations connues de sabots de Vénus à grandes fleurs (Cypripedium macranthos) du nord de l’Eurasie, avec jusqu’à 5 000 spécimens recensés. Espèces rares d’orchidées, Cypripedium calceolus et Cypripedium ventricosum y sont également abondantes, et les chercheurs ont même identifié de probables hybrides Dactylorhiza/Gymnadenia ainsi que certaines formes inhabituelles de Platanthera.
« Sur la base de l’analyse de la composition des espèces végétales des zones protégées de la région de Novossibirsk, nous concluons que la préservation in situ des orchidées y est globalement insuffisante », a estimé Alexander Dubynin, auteur principal de l’étude. « Par conséquent, nous recommandons la création d’une nouvelle zone protégée de 335 hectares ainsi qu’un suivi à long terme des populations d’orchidées. »
Au cours des trois dernières années, la zone a attiré un nombre croissant de chercheurs, devenant un véritable « laboratoire à ciel ouvert » pour l’étude des communautés d’orchidées en Sibérie du Sud.
Par Yann Contegat, le
Source: Eurekalert
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