Face aux diverses menaces qui pèsent sur les animaux sauvages, l’heure est à la protection des espèces en créant des réserves naturelles, lieux préservés de toute menace humaine. Mais au-delà des animaux sauvages, il est important de penser au bien-être des animaux en captivité. C’est dans cet esprit qu’a été imaginé le premier sanctuaire pour bélugas.
La création d’un sanctuaire pour bélugas en Islande
Connu dans le monde entier pour sa couleur blanche si caractéristique et pour son faciès amusant, le béluga est un cétacé vivant dans les eaux de l’Arctique. On en dénombre aujourd’hui environ 100 000 (pas l’espèce la plus en danger mais leur nombre a baissé). Surtout, le béluga est le cétacé le plus représenté dans les parcs animaliers du monde entier, du fait de la facilité pour l’acclimater à la captivité. Même si ces animaux semblent s’habituer assez facilement à vivre dans des aquariums et à la présence humaine, une association a imaginé la création d’un espace naturel où les bélugas seraient à l’abri des spectacles et du public : l’idée d’un sanctuaire est née.
L’association caritative Sea Life Trust a passé six ans à élaborer ce projet pour transporter deux bélugas nommés « Little White » et « Little Grey » (âgés de 12 ans) de leur lieu de captivité en Chine à un refuge en pleine mer. Ce sanctuaire pour bélugas ouvrira l’an prochain et le lieu a été choisi : il s’agit de la baie de Klettsvik des îles Vestmann en Islande. Pour la petite histoire, ce lieu dira sans doute quelque chose aux cinéphiles : c’est là que l’orque Keiko du film « Sauvez Willy » vivait avant le tournage (il a été relâché dans la nature après). Le site fait 32 000 mètres carrés et sera la nouvelle maison des deux bélugas. A priori, la fin des travaux dans la baie est prévu pour mars 2019. L’association a reçu récemment l’autorisation (cruciale) de la part du parc Changfeng Ocean World de Shanghai pour déplacer au printemps prochain les deux pensionnaires (qui font encore des spectacles devant des visiteurs).
Une préparation en amont déterminante
Une présentation du projet en ligne a révélé que les deux cétacés (qui ont une espérance de vie comprise entre 35 et 50 ans) devront rester dans la zone cloisonnée de 32 000 m2. Un des responsables du parc explique pourquoi : « Nos bélugas ne pourront jamais être relâchés dans la nature, du fait de leur dépendance vis-à-vis de l’homme. Nous voulons simplement les retirer de performances devant un public. » Actuellement, les deux cétacés sont familiarisés avec des équipements tels que des civières, en vue du transport. On les entraîne également à respirer sous l’eau plus longtemps et à nager plus vite, afin de mieux gérer les courants et les marées au sanctuaire.
Élément important à souligner : le voyage par la route, les airs et la mer devrait durer plus de 35 heures entre la Chine et l’Islande. Selon Katrin Lohrengel de la Sea Watch Foundation, cela sera un véritable défi pour les cétacés : « C’est un sacré trajet que vont endurer les deux animaux et il y a beaucoup de problèmes et de stress liés à cela ». Cependant, bien que ne prenant pas part au projet, elle ajoute qu’avoir deux bélugas (connaissant leur nature sociale) pourrait permettre au projet de réussir s’ils arrivent en sécurité. Lohrengel avait entendu parler du projet bien avant, mais pensait que Sea Life Trust aurait des difficultés à obtenir les permis requis. Le fait qu’ils aient été délivrés est « plutôt une belle surprise », affirme t-elle. Elle ajoute toutefois qu’elle aurait préféré que le sanctuaire soit plus grand : « Une des principales choses qui affectent les cétacés en captivité est la non-possibilité de parcourir de grandes distances. Un enclos naturel plus grand aurait été le bénéfice principal de cette expérience ».
Bien qu’ayant certaines limites, l’idée de ce sanctuaire pour bélugas est positive et permet d’envisager une « retraite » pour les cétacés vivant en captivité dans des parcs aquatiques. Un sanctuaire en pleine mer est un bon compromis apportant aux cétacés plus de liberté et d’évoluer dans un environnement naturel et calme.
Par Thomas Le Moing, le
Source: New Scientist
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