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Des chercheurs réalisent 7 ans plus tard que cette salamandre des grottes n’a pas quitté son rocher

Les raisons de cette « paresse extrême » sont multiples

— lucacavallari / Shutterstock.com

Après avoir étudié pendant plusieurs années les mouvements de salamandres blanches dans une grotte de Bosnie-Herzégovine, les scientifiques ont découvert que l’une d’entre elles ne s’était pas déplacée d’un pouce en plus de sept ans.

Des créatures fascinantes à bien des égards

Animaux amphibiens, les salamandres blanches, aussi appelées protées anguillards, peuvent mesurer jusqu’à trente centimètres de long et vivre une centaine d’années. Ces êtres affectionnant l’obscurité et disposant d’une peau très faiblement pigmentée s’avèrent fascinants à plus d’un titre : bien qu’aveugles, ils possèdent des sens chimiques, magnétiques et acoustiques extrêmement développés et se révèlent être d’excellents nageurs. Mais comme le montre cette étude présentée dans le Journal of Zoology, ce sont également les champions de la paresse.

Le zoologiste Gergely Balázs et ses collègues de l’université Loránd-Eötvös ont commencé à étudier ces salamandres dans les grottes de l’est de la Bosnie-Herzégovine il y a plus de dix ans. Après plusieurs plongées, les chercheurs ont commencé à soupçonner certains spécimens de n’avoir pas ou peu bougé. Entre 2010 et 2018, les chercheurs ont marqué et suivi une vingtaine de spécimens, afin d’évaluer la distance parcourue entre chacune de leurs visites, espacées de 100 jours minimum. Et il s’est avéré au terme de l’étude que la plupart des salamandres s’étaient déplacées de moins de dix mètres.

Toutefois, les chercheurs ont identifié deux spécimens faisant exception à la règle : une salamandre « hyperactive », ayant parcouru plus de 30 mètres en 230 jours seulement, et un spécimen n’ayant pas esquissé le moindre mouvement en plus de sept ans (2 569 jours).

Une vie « au ralenti »

Selon l’équipe de Gergely Balázs, les raisons de ce quasi-immobilisme généralisé sont à rechercher du côté de la « stratégie de prédation » des salamandres blanches, qui se nourrissent principalement de petits crustacés, se faisant rares dans ces environnements souterrains. Au lieu de s’épuiser inutilement en chassant, ces prédatrices particulièrement patientes vont ralentir leur métabolisme et rester statiques, attendant patiemment qu’une proie passe à proximité de leur position. Sachant qu’elles ne possèdent aucun prédateur naturel, elles peuvent passer des années sans manger, et se reproduisent tous les 12 ans seulement.

Bien que la plupart des amphibiens perdent leurs branchies externes en grandissant, les salamandres blanches ont la particularité de ne jamais quitter totalement leur état larvaire. Les chercheurs hongrois se sont donc basés sur la taille des spécimens suivis afin de savoir s’ils avaient ou non atteint leur maturité sexuelle (les protées adultes mesurent au minimum 18 centimètres de long).

Considérées comme vulnérables en raison de leur habitat très spécifique, les salamandres des grottes fascinent les scientifiques depuis des décennies. Charles Darwin n’avait pas hésité à les qualifier de « vestiges de la vie ancienne », tandis que David Attenborough les a incluses dans sa liste des dix espèces qu’il sauverait en priorité de l’extinction. « La salamandre blanche vit au ralenti et cela semble être le secret de sa longévité… peut-être devrions-nous nous en inspirer », a notamment déclaré le naturaliste britannique.

Gros plan sur la tête d’un protée © Nat Geo Wild – Youtube

Par Yann Contegat, le

Source: Smithsonian Mag

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