Présents depuis la nuit des temps sur notre planète, les insectes constituent un maillon essentiel dans bien des éléments de la vie sur Terre. Leur rôle au sein de nos écosystèmes est également déterminant pour une quantité astronomique d’espèces, et est nécessaire à l’Homme. Pourtant, aujourd’hui, les insectes sont largement menacés d’extinction, au point que des chercheurs estiment que d’ici 100 ans, tous les insectes auront disparu. Aujourd’hui, nous vous proposons un dossier sur le rôle – ou plutôt les rôles – que les insectes ont dans l’écosystème planétaire.
Le rôle des insectes dans nos environnements
On estime actuellement qu’il y a 200 millions d’insectes dans le monde pour chaque humain. Si la proportion est énorme, c’est sans compter la rapide décroissance que la première catégorie subit de plein fouet depuis des années. Pourtant, leur rôle est clef dans l’équilibre de notre planète.
Beaucoup restent néanmoins à découvrir, et si nous connaissons surtout ceux qui nous piquent et nous transmettent des maladies, il faut comprendre qu’ils représentent seulement une infime partie des insectes sur Terre. En réalité, la plupart des insectes sont bénéfiques pour l’Homme et l’environnement.
Un des services les plus importants qu’ils rendent à notre planète est très certainement la pollinisation. Si nous avons pu démontrer que certaines plantes peuvent s’auto-gérer, la majorité d’entres elles dépendent d’insectes pour transporter leur pollen vers d’autres fleurs. Tout cela dans un but de fertilisation. Ainsi, dans la pratique, les insectes viennent collecter le nectar de la fleur, mais transportent le pollen par la même occasion, le plus souvent dans de véritables paniers que leurs poils composent.
Les orchidées, par exemple, ont co-évolué avec des insectes et ne peuvent actuellement n’être pollinisées que par un seul type d’insecte. La disparition de celui-ci engendrerait de terribles conséquences. De par cet unique exemple de pollinisation, les insectes ont un rôle essentiel dans nos environnements. Que ce soit leur butinage direct, ou leur rôle indirect transportant le pollen, voici-là deux bonnes raisons de les préserver. Mais ce n’est pas tout.
Une place vitale dans la chaîne alimentaire
Les insectes représentent un maillon essentiel dans la chaîne alimentaire. Forcément, à la vue de leur quantité de populations incroyablement nombreuses, il est facile d’imaginer que ces individus ont des proies et également des prédateurs . Dans les faits, ils représentent, pour le moment, une source de nourriture quasiment intarissable. Parmi leurs prédateurs, les plus communs sont les oiseaux, qui peuvent d’ailleurs choisir de se nourrir exclusivement d’insectes, pour certains. On peut également citer les amphibiens qui se nourrissent d’insectes en très grandes quantités, comme les grenouilles, crapauds et salamandres.
Si l’on veut aller encore plus loin pour justifier l’importance majeure des insectes dans la chaîne alimentaire, on pourrait agrémenter notre liste de prédateurs avec les chauves-souris d’Europe, les arachnides, les lézards, ou encore les taupes (qui se nourrissent de larves de coléoptères). Bref, un grand nombre d’espèces trouvent leur alimentation principale chez les insectes et ne pourraient pas – du moins si facilement – trouver une alternative sur le court, moyen et long terme. Dans le monde animal, c’est un véritable phénomène de dépendance envers les insectes.
L’exemple des abeilles
Si l’exemple des abeilles est fréquemment cité dans les débats visant à l’extinction des insectes, c’est pour une bonne raison. Évidemment, la disparition de multiples espèces entraînerait des conséquences catastrophiques pour nos environnements, mais le cas des abeilles illustre parfaitement bien ce côté dramatique. Comme nous l’avons dit, elles sont indispensables à la pollinisation, nécessaire à la reproduction des plantes. Nées il y a 65 millions d’années, elles assurent avec succès ce rôle désormais établi dans les différents écosystèmes de la planète.
Malheureusement, aujourd’hui, l’activité agricole humaine est majoritairement nocive pour les abeilles. Les pesticides sont la principale raison d’un désastre déjà en cours, particulièrement les néo-nicotinoïdes : immidaclopride, chlothianidine et thiametoxame sont trois produits létaux pour les abeilles, même à très faible dose (seuls quelques milliardièmes de gramme suffisent pour tuer une abeille au moindre contact). Et les insectes qui s’exposent le plus à ce genre de produit mortel sont les abeilles butineuses et fécondeuses, jouant un rôle décisif dans l’équilibre environnemental.
On estime aujourd’hui que 80 % des végétaux dépendent de la pollinisation, et l’abeille domestique est sa première représentante (responsable, également, de 80 % de la pollinisation mondiale) en terme d’importance et de quantité. C’est encore plus vrai dans les milieux urbanisés, où les plantes sont de plus en plus espacées et nécessitent par conséquence un acheminement constant et efficace de pollen d’une fleur mâle vers une fleur femelle, de la même espèce.
Mais aujourd’hui, les abeilles sont en danger de mort. Maillon pourtant indispensable à la reproduction des fleurs et à sa propre espèce, l’humain n’hésite pas à s’y attaquer, directement ou non, et les conséquences sont déjà mesurables. Et inutile d’expliquer que les agents nocifs pour les abeilles le sont également pour les autres pollinisateurs. S’il y a plus de 100 000 espèces d’abeilles répertoriées sur la planète, on en retrouve 2 500 en Europe et 1 000 en France. Le nombre pourrait chuter, comme c’est le cas dans de multiples pays asiatiques et européens.
Notons tout de même que des initiatives sont lancées pour essayer d’enrayer cette terrible dynamique : depuis 1985, des bourdons d’élevages sont élevés à des fins commerciales pour la pollinisation, et en Suisse aujourd’hui, plus de 19 000 apiculteurs entretiennent environ 170 000 colonies d’abeilles mellifères. La France envoie également des signaux positifs en mettant en avant des initiatives comme Bleu Blanc Ruche qui propose du miel de repeuplement garanti 100 % français et respectueux des abeilles ; ou encore en les implantant dans des infrastructures (Groupama Stadium à Décines)
L’importance des insectes dans les écosystèmes
En Australie par exemple, les mouches et les scarabées aident à la décomposition des excréments des animaux – comme le kangourou ou le koala – et ce n’est pas anodin. On peut sans problème dire que les insectes jouent également un rôle essentiel dans la formation des sols et dans le maintien de leur fertilité. Comme nous venons de le dire avec l’exemple de l’Australie, sans eux, on trouverait dans nos sols des cadavres, matières fécales et détritus en tout genre, l’ensemble contribuant à un développement sans précédent de bactéries. Là encore, les insectes sont vitaux pour nos écosystèmes. Les lombrics, en plus de jouer ce rôle d’entretien des sols, permettent également l’élaboration d’un compost naturel de qualité.
On peut également évoquer les fourmis, présentes en nombre dans les sols de notre planète (plus de 10 millions de milliards sur Terre). Elles sont déterminantes dans la construction de nos sols et permettent de protéger certaines espèces d’arbres. C’est le cas des merisiers, qu’elles préservent de par leur activité. Elles aussi jouent également un rôle de nécrophage en nettoyant les cadavres d’animaux morts.
Agir en conséquence
Plusieurs solutions sont envisageables pour sauver les insectes de notre planète. Mais pour l’heure, les estimations ne sont guère rayonnantes et promettent une extinction de l’intégralité des insectes sur Terre d’ici 100 ans.
En revanche, l’Allemagne promet une loi à 100 millions d’euros pour sauver les insectes en les protégeant des pesticides et en menant diverses études. L’initiative est nouvelle puisqu’annoncée seulement ce 17 février par la ministre de l’environnement allemande.
Afin d’endiguer la rapide diminution des insectes pollinisateurs, en revanche, difficile de trouver des solutions rapides et efficaces que les États sont prêts à adopter. Globalement, l’artificialisation des sols et l’utilisation de pesticides sont les deux grandes causes responsables identifiées, et il est logique de chercher à diminuer l’une ou l’autre, ce qui aura forcément des conséquences positives.
Aujourd’hui, il est urgent de changer – à grande échelle – nos processus de production de nourriture. Promouvoir une agriculture écologiquement compatible et intensive semble être la meilleure solution, mais a un coût financier. L’idéal serait de réduire, voire de supprimer l’utilisation des pesticides. Reste à savoir ce que les agriculteurs et les états d’Europe et d’ailleurs choisiront comme solution, mais si rien n’est fait, nous seront, de facto, nos propres victimes…