Souvent considérés comme « les miroirs de l’âme », nos yeux semblent receler encore bien des secrets. Ce sont en effet les résultats surprenants observés par des chercheurs de l’université d’Oxford publiés dans la revue PNAS le 21 octobre 2019 : tout comme une réaction à la vue de la lumière du jour, ou à l’opacité de la nuit, entendre ou lire un mot associé au lexique de la luminosité ou de l’obscurité provoque un rétrécissement ou un grossissement de la pupille de l’oeil humain.
Ainsi, sans que vous le sachiez, vos yeux réagissent probablement aux mots « obscurité », « soleil », « briller ». Le vocabulaire relatif à la lumière entraîne ainsi une rétractation de la pupille, alors qu’à l’inverse, les termes appartenant au lexique de l’obscurité conduiront à une dilatation de cette dernière. Ces résultats viennent étayer la thèse déjà avancée en 2017 par des chercheurs de l’université d’Aix-Marseille dans la revue Psychological Science.
Pour observer l’effet du vocabulaire relatif à la lumière sur l’être humain, une soixantaine de personnes ont été soumises à l’écoute de 121 mots, certains relatifs au vocabulaire de la luminosité, comme « soleil », « jour », « briller », d’autres à celui de l’obscurité tels que « nuit et ténèbres », et mêlés à des mots neutres non connotés, comme des noms d’animaux par exemple.
« Nous avons démontré que les pupilles des yeux sont plus petites après l’écoute de mots relatifs à la lumière, que lorsque les gens lisent ou entendent des mots relatifs à l’obscurité. » Une réaction rapide qui, selon les chercheurs, atteindrait son pic de réaction dans les une ou deux secondes suivant l’écoute ou la lecture du mot.
Des observations intéressantes qui prouvent que la taille des pupilles ne dépend pas uniquement de la luminosité de notre environnement présent, mais également de la luminosité dans les mots évoqués à l’écrit ou à l’oral. Une constatation qui suggère que les images mentales des mots lus ou entendus sont automatiquement créées par le cerveau, et qu’elles seraient la raison pour laquelle les pupilles se rétractent, comme si le soleil était effectivement devant vos yeux.
Mais malgré ces avancées, de nombreuses questions restent en suspens. Les images mentales nous sont-elles donc essentielles à la compréhension des mots lus ou entendus par notre cerveau ? Ou sont-elles, à l’inverse, une conséquence indirecte du traitement du langage dans notre cerveau ? Des interrogations que les scientifiques ne comptent pas laisser sans réponse, en effectuant de plus amples recherches afin de tout comprendre sur les mystères encore bien gardés de notre regard…
Par Alice Mercier, le
Source: Sciences et Avenir
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