Ces dernières années, la sonde interstellaire Voyager 1 n’a pas été épargnée par les problèmes techniques. Quelques mois après le rétablissement de ses communications avec la Terre, les ingénieurs de la NASA sont parvenus à activer son propulseur.
Des péripéties récentes
Engin le plus éloigné de notre planète, Voyager 1 a franchi l’héliopause, considérée comme la dernière frontière du Système solaire, en 2012. En dépit de sa faible mémoire embarquée (69 kilooctets, soit la taille d’une petite image jpeg), l’engin a offert aux chercheurs un aperçu sans précédent des conditions régnant au sein de l’espace interstellaire au cours de la dernière décennie.
Débutée il y a près d’un demi-siècle, son épopée spatiale n’a pas vraiment été un long fleuve tranquille. Mais elle avait pris une tournure particulièrement sombre fin 2023, avec l’envoi d’un motif répétitif et inexploitable de uns et de zéros, dû à la corruption d’une partie de la mémoire de son sous-système de données de vol, rassemblant les données scientifiques et techniques avant qu’elles ne soient envoyées à la Terre par l’unité de modulation télémétrique.
Si ce souci avait pu être résolu en mars dernier via l’envoi de commandes forçant l’engin à contourner toutes les données susceptibles d’être corrompues, l’Agence spatiale américaine a récemment été confrontée à un nouveau problème, concernant cette fois le propulseur à hydrazine liquide permettant à Voyager 1 de rester orientée vers la Terre pour recevoir et renvoyer des données utiles.
Voyager 1 team accomplishes tricky #thruster swap @NASA https://t.co/e3reqqnl5o
— Phys.org (@physorg_com) September 11, 2024
« Après 47 ans, sa durite de carburant est obstruée par du dioxyde de silicium [sous-produit se formant à la surface du diaphragme en caoutchouc du réservoir de Voyager 1] », a expliqué la NASA dans un communiqué. « Ce qui réduit largement sa poussée. »
Un rallumage délicat
Sur les trois dispositifs embarqués par la sonde spatiale (deux dédiés à la propulsion et un à la correction de trajectoire), le premier avait commencé à montrer des signes d’encrassement dès 2002. Ce qui avait poussé la NASA à utiliser le second, puis, pour les mêmes raisons, à se rabattre en 2017 sur le propulseur de correction de trajectoire, aujourd’hui plus touché par ce phénomène que ses prédécesseurs.
L’agence spatiale a passé les derniers mois à planifier la réactivation de l’un des propulseurs les moins encrassés, constituant dans le cas de Voyager 1 un véritable défi. Afin d’économiser ses précieuses réserves de plutonium, plusieurs instruments et équipements avaient en effet dû être désactivés, et rallumer directement un propulseur n’ayant pas fonctionné pendant des années aurait pu gravement l’endommager. Après avoir procédé à l’extinction de l’un des principaux dispositifs de chauffage de la sonde, ses ingénieurs ont activé celui du propulseur pendant une heure, avant de le rallumer avec succès.
Si tout se passe bien, Voyager 1, qui transporte comme sa jumelle un disque d’or contenant des sons et des images destinés à offrir à d’éventuelles civilisations extraterrestres un aperçu de la vie sur Terre, devrait continuer à renvoyer des données scientifiques pendant quelques années encore.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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