Des chercheurs ont démontré pour la première fois que les requins pouvaient dormir, et même le faire avec les yeux grands ouverts, contrairement aux humains et à la plupart des autres animaux.
Un suivi étroit
L’idée que les requins ne dorment jamais vient du fait que certaines espèces doivent être constamment en mouvement pour que l’eau riche en oxygène circule dans leurs branchies : s’ils restent immobiles trop longtemps, ils s’asphyxient et meurent. S’étant concentrées sur une espèce de fond évoluant dans les eaux néo-zélandaises, des recherches récemment publiées dans la revue Biology Letters ont montré que ce n’était toutefois pas le cas de tous les squales.
Les chercheurs de l’université La Trobe en Australie et de l’Institut des sciences marines de l’université d’Auckland en Nouvelle-Zélande ont suivi étroitement sur des périodes de 24 heures plusieurs Holbiches à damier (Cephaloscyllium isabellum), ayant la particularité d’utiliser leur pharynx pour acheminer l’eau jusqu’à leurs branchies lorsqu’ils ne nagent pas.
Alors que des recherches antérieures menées par la même équipe avaient révélé que ces squales répondaient plus lentement aux stimuli lorsqu’ils étaient immobiles, la nouvelle étude a montré qu’ils consommaient également moins d’oxygène lorsqu’ils n’esquissaient aucun mouvement pendant cinq minutes ou plus. Constituant des signes de sommeil profond chez d’autres espèces, ces deux observations indiquent, selon les scientifiques, que Cephaloscyllium isabellum peut effectivement s’endormir.
Des squales dormant les yeux grands ouverts
De façon surprenante, il s’est avéré que 38 % des requins étudiés gardaient les yeux ouverts la nuit, même lorsqu’ils montraient des signes de sommeil. Ces derniers étaient étrangement plus susceptibles de les fermer lorsqu’ils dormaient pendant la journée, suggérant que la luminosité naturelle influence ce comportement.
Si de telles recherches fournissent « la première preuve physiologique du sommeil chez les requins », des travaux similaires seront nécessaires afin de déterminer s’il intervient également chez d’autres espèces de squales. Pour les auteurs de l’étude, la prochaine étape consistera à analyser l’activité cérébrale de Cephaloscyllium isabellum pendant ces phases.