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Cette scientifique pense que préserver les océans nourrirait le milliard de personnes affamées dans le monde

Peu de thématiques sont aussi cruciales que celle de la protection de l’océan. Ce dernier nourrit la population mondiale, soutient 90 % du commerce international, régule le climat et produit une majeure partie de notre oxygène. Découvrez comment la préservation de la faune marine permettrait de nourrir la planète entière.

Jackie Savitz est vice-présidente d’Oceana, une organisation axée sur la conservation et la sauvegarde des océans de la planète. Avec une formation en biologie marine et en toxicologie de l’environnement, elle travaille à Oceana depuis plus d’une décennie et a mené des campagnes axées sur les dangers du changement climatique, du mercure, et de la pollution des navires de croisière.

Lors de cette conférence TED, Jackie nous explique qu’il y a déjà plus d’un milliard de personnes affamées dans le monde et que ce chiffre risque fort d’augmenter en même temps que la population mondiale qui atteindra bientôt les 9 milliards. Nous pouvons donc nous attendre à un accroissement de la pression sur nos ressources alimentaires qui s’additionnera aux changements climatiques et à la diminution des terres arables. La situation est donc très inquiétante.

La biologiste marine nous assure que les océans pourraient nourrir tous ceux qui sont aujourd’hui affamés mais pour cela, nous devons absolument préserver les ressources maritimes dès maintenant. « Aussi loin que l’on puisse remonter, nous avons vu une augmentation de la quantité de nourriture que nous avons pu récolter de nos océans. Il semblerait que cette quantité ait continuellement augmenté jusqu’en 1980 environ, où nous avons commencé à voir une baisse. Vous avez entendu parler du pic du pétrole. Peut-être que c’est le pic poissonnier. J’espère que non. »

Il semble crucial de ranimer nos pêcheries et de les utiliser pour nourrir les gens. Il s’avère que les poissons sont pour la plupart situés dans les zones côtières de nos pays (il y a sept fois plus de poissons dans les zones côtières qu’en haute mer), ce sont des domaines où la juridiction nationale a le contrôle et peut gérer les pêcheries dans ces zones côtières. Les pays côtiers tendent à avoir des juridictions qui vont jusqu’à environ 200 miles nautiques : ce sont les zones économiques exclusives. C’est une bonne chose de pouvoir contrôler les pêcheries dans ces zones au niveau national car dans les hautes mers il est beaucoup plus compliqué de contrôler les choses et les accords internationaux sont longs et fastidieux.

Nous savons qu’il y a environ 80 pays côtiers, devons-nous travailler avec tous ces pays pour rétablir les pêcheries ? Il s’avère que l’Union européenne (qui a une politique commune pour la pêche) et 24 autres pays couvrent 90 % de la pêche mondiale. Mais que doivent changer ces 25 politiques ? Pour préserver durablement les ressources maritimes, il y a 3 choses à faire : établir des quotas limitant le nombre de poissons pêchés, réduire la capture accessoire (la prise et l’élimination de poissons qui n’étaient pas visés) et enfin protéger les zones de reproduction et l’habitat dont les poissons ont besoin pour grandir et se reproduire correctement afin que leur population augmente à nouveau.

Préserver les pêcheries ne permettrait pas seulement de régler le problème de la faim dans le monde, le poisson est aussi extrêmement rentable ! En effet, la protéine de poisson coûte moins cher que les protéines animales. De plus, il n’a pas besoin de terrain, ce dont nous manquons, ni d’eau douce comparé au bétail qui en a besoin pour boire et qui nécessite d’irriguer un champ de manière à faire pousser de quoi le nourrir. Le poisson a également une empreinte carbone très faible et nous savons qu’il est bon pour notre santé. Il peut réduire nos risques de cancer, de maladie cardiaque et l’obésité. C’est pour toutes ces raisons que le directeur d’Oceana, Andrew Sharplessaime dire que le poisson est la protéine parfaite.

Malheureusement, il existe un fléau souvent oublié : la pêche illégale. Elle trompe le consommateur et les honnêtes pêcheurs, c’est une fraude aux produits de la mer. « Nous avons testé 1300 échantillons différents de poisson et environ un tiers n’étaient pas correctement labellisés. Parmi les vivaneaux, 9 sur 10 n’en étaient pas. 59 % du thon que nous avons testé n’était pas correctement labellisé. Nous avons testé 120 échantillons de rouget et seulement 7 d’entre eux en étaient. » Voici le résultat d’une étude menée par l’équipe de Jackie Savitz.

La chaîne d’approvisionnement des produits maritimes est très complexe et à chaque étape de cette chaîne il y a une occasion pour la fraude sur les produits de la mer. La seule solution est la traçabilité, un procédé permettant de suivre à la trace des produits de la mer, du bateau à l’assiette. « Nous amenons une loi devant le Congrès appelée Traité de sûreté des produits de la mer et je suis très excitée aujourd’hui d’annoncer la publication d’une pétition que 450 chefs ont signée dont Anthony Bourdain, Mario BataliBarton Seaver et bien d’autres. Ils ont signé la pétition parce qu’ils sont convaincus que les gens ont le droit de savoir ce qu’ils mangent. Les pêcheurs apprécient ce Traité, il y a donc une bonne chance que nous ayons le soutien nécessaire pour faire passer cette loi en ce moment crucial. »

 

Le message de Jackie est à la fois alarmant et plein d’espoir : il est encore temps de changer les choses ! A la rédaction, on réalise bien qu’on ne fait pas assez pour protéger la faune et la flore marine et on espère que des accords internationaux vont être signés dans cette voie. Et vous, pensez-vous que sauver les océans suffira à sauver les hommes ?

Par William Arsac, le

Source: Ted

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