Alors qu’il était jusqu’à présent estimé que le baiser amoureux s’était répandu dans le monde entier depuis l’Asie du Sud il y a 3 500 ans, l’analyse de textes anciens indique que celui-ci était déjà pratiqué un millénaire plus tôt.
Des preuves claires
La date à laquelle les humains ont commencé à s’embrasser langoureusement est largement débattue. Selon de nombreuses sources, les premières traces d’une telle pratique se trouvent dans des textes sanskrits rédigés dans l’actuelle Inde, il y a environ 3 500 ans. Certains chercheurs ont suggéré que le baiser amoureux s’est répandu à partir de là dans le monde entier, et que les conquêtes d’Alexandre le Grand y auraient largement contribué.
Cette possibilité a été liée à des changements dans la propagation de maladies pouvant être transmises par voie orale. L’an passé, un article avait ainsi suggéré que le virus de l’herpès simplex 1, responsable de l’herpès labial, était devenu beaucoup plus courant en raison de « l’avènement des baisers amoureux ».
Dans le cadre de travaux récemment publiés dans la revue Science, Troels Pank Arbøll, de l’université de Copenhague, et son épouse ont rassemblé des preuves claires de cette pratique en Mésopotamie et en Égypte ancienne, indiquant qu’elle soit apparue indépendamment dans différentes régions du monde antique il y a au moins 4 500 ans.
« Les quelques experts capables de lire le système d’écriture cunéiforme utilisé par plusieurs civilisations anciennes le savaient depuis des décennies, mais la grande majorité de la communauté scientifique l’ignorait, car ces preuves n’étaient citées nulle part », souligne Arbøll.
Un élément ordinaire de l’intimité romantique dans l’Antiquité
Bien que le baiser soit plus rarement évoqué dans les textes mésopotamiens, ses mentions montrent qu’il était considéré comme un élément ordinaire de l’intimité romantique dans l’Antiquité. Deux textes vieux d’environ 3 800 ans décrivent respectivement une femme mariée ayant failli commettre un adultère après un baiser, et une femme célibataire s’étant juré de ne jamais embrasser un homme et d’avoir des relations sexuelles avec lui.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, il existe également des éléments de preuve suggérant que les humains modernes et les Néandertaliens avaient été amenés à s’embrasser, ou à échanger leur salive d’une manière ou d’une autre, suggérant que le baiser amoureux soit encore plus ancien.
Un avis que ne partage pas William Jankowiak, chercheur à l’université du Nevada n’ayant trouvé aucune preuve de baiser amoureux au sein des sociétés de chasseurs-cueilleurs. « Je pense qu’il est apparu chez les élites des sociétés complexes, en mesure de transformer le sexe en une expérience érotique », estime-t-il. « Le fait qu’il soit davantage pratiqué dans les climats froids pourrait s’expliquer par le fait que le visage soit la seule zone du corps n’étant pas entièrement couverte. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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