Vous ne l’avez peut-être jamais remarqué mais les bébés ne sont pas tous très rassurés lorsqu’ils sont à proximité d’une plante verte. Une étude a démontré que les jeunes enfants avaient une certaine réticence à toucher des plantes, tout cela pour les protéger de certains dangers. DGS vous explique cette étude en détails.
Il a déjà été montré que, au cours de notre évolution, nous avons intégré des réflexes, des comportements et certaines habilités qui nous ont permis, et nous permettent encore, de nous protéger contre certains dangers. C’est ce que montre une étude qui explique justement que l’être humain a une peur innée des serpents qui le pousse à s’en méfier, ce genre de reptile étant l’un des principaux prédateurs des mammifères depuis des millions d’années.
Il se trouve que les animaux ne sont pas les seules choses de notre environnement qui peuvent nous nuire. Annie Wertz, psychologue spécialiste de l’évolution et du développement explique : « Dans la vie moderne, les plantes font partie du paysage et nous n’y pensons pas principalement. Mais quand on pense à l’environnement naturel historique des humains, on se rend compte que les plantes prenaient une grande place dans leur vie. »
Et comme les animaux, les plantes possèdent de nombreux systèmes de défense pour éviter de se faire manger : épines, toxines qui peuvent être mortelles si elles sont ingérées, etc. De même, les humains pourraient avoir bâti des défenses pour se protéger de ces plantes. Certaines études ont déjà prouvé que les enfants étaient très sensibles à l’amertume des légumes, ce qui explique leur réticence à en manger.
Mais une nouvelle étude va plus loin et a voulu savoir si les enfants étaient également sensibles aux dangers que peuvent représenter les plantes. Pour mettre à l’épreuve leur hypothèse, Annie Wertz et sa collègue Karen Wynn ont essayé de déterminer si les bébés étaient plus réticents à toucher des plantes que d’autres objets. Elles ont ainsi placé plusieurs objets sur une table : une plante (persil ou basilic), une plante artificielle et un objet fabriqué par l’homme, tout cela pendant que l’enfant était posé sur les genoux de sa mère.
Parmi les objets fabriqués qui ont été testés, les deux psychologues ont utilisé une construction faite de deux morceaux de cartons bleus à laquelle elles ont rajouté des feuilles artificielles (les mêmes que sur la plante artificielle placée à côté) et les ont teintes en noir. Annie Wertz explique : « Peut-être que les bébés sont réticents à toucher des choses qui ont la forme de feuilles, ou peut-être qu’ils ne touchent pas les choses qui leur semblent délicates. » Les deux scientifiques ont également fabriqué un objet à la couleur verte, pour savoir si les enfants n’aimaient pas toucher des objets de couleur verte.
Les tests ont été réalisés sur 47 enfants âgés de 8 à 18 mois. Les résultats sont parlants : les chercheurs ont remarqué que les bébés mettaient 5 secondes de plus pour tendre la main vers la plante et la plante artificielle que de toucher le troisième objet. Une notion importante : les enfants n’avaient vu personne toucher les plantes auparavant et n’avaient pas pu être influencés de cette manière.
Avec la différence d’aspect entre les objets fabriqués et les plantes (artificielles et naturelles), Karen Wynn et Annie Wertz ont décidé de savoir si les enfants avaient plutôt tendance à toucher des choses qu’ils ne connaissent pas. Par la même occasion, elles ont essayé de savoir s’ils avaient plutôt tendance à toucher des objets qui ont été créés par l’Homme. « Il se pourrait que l’enfant considère que tout ce qui est fabriqué par l’Homme est fait pour être tenu alors que ce qui ne l’est pas doit être traité avec un peu plus de considération. »
Elles ont ainsi recommencé cette première expérience avec 44 autres enfants en utilisant les mêmes objets fabriqués, des coquillages, des cuillères et des lampes (des objets que les enfants ont respectivement le droit et l’interdiction de toucher lorsqu’ils sont chez eux). Cette fois-ci, les bébés n’étaient pas réticents à toucher l’un de ces objets, mais les scientifiques ont remarqué qu’ils mettaient plus de temps à aller vers les objets fabriqués que vers le reste.
Les résultats suggèrent que les bébés et jeunes enfants pourraient avoir une aversion naturelle envers les plantes. Annie Wertz précise que les enfants n’ont pas réellement peur des plantes mais plutôt qu’ils développent une stratégie comportementale instinctive lorsqu’ils identifient un objet comme une plante. Elle explique également : « Avec cette expérience, nous nous sommes tout de même mis des bâtons dans les roues. » En effet, les bambins étaient dans des salles presque vides avec un seul objet intéressant placé devant eux. L’une des raisons qui explique pourquoi ils ont touché la plante est qu’il n’y avait justement rien d’autre à toucher.
Mais bizarrement, Wertz et Wynn expliquent qu’on leur a raconté des anecdotes qui viennent appuyer leur hypothèse : « Ce qui tend à se produire lorsque je parle de cette étude est que j’ai des personnes qui ont des enfants et qui me disent ‘Ah oui, c’est vrai : mon enfant touche n’importe quoi mais laisse les plantes tranquilles’ ou encore : ‘Mon bébé met n’importe quoi dans sa bouche sauf des plantes’. »
C’est absolument incroyable d’apprendre que la majorité des jeunes enfants ont peur des plantes ! On salue l’initiative des scientifiques à l’origine de cette étude très intéressante et étonnante. On n’aurait jamais imaginé que les enfants puissent être conditionnés dès la naissance à se méfier des plantes alors que les adultes n’ont aucune réticence à le faire. Aviez-vous déjà remarqué que les bébés étaient effrayés par les plantes ?
Par Corentin Vilsalmon, le
Source: io9