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Pourquoi ces bols du XIIe siècle semblent neufs après 900 ans dans la mer ? La réponse divise les chercheurs

Au large de Taean, des archéologues sud-coréens ont retrouvé 87 bols du XIIe siècle en céladon, quasi intacts après des siècles passés sous l’eau. Un mystère archéologique qui mêle géologie, logistique médiévale et conditions marines exceptionnelles.

Rangée de bols anciens reposant sous l’eau, partiellement enfouis dans les sédiments et étonnamment bien conservés.
Des bols datés du XIIᵉ siècle, retrouvés presque intacts sous l’eau, alignés dans les sédiments marins. – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Des conditions géologiques uniques qui ont figé les bols dans le temps

Imaginez des céramiques vieilles de neuf siècles ressortant de l’océan comme si elles venaient tout juste d’être façonnées. Les archéologues du NRIMCH ont vécu ce choc en extrayant 87 pièces au large de Taean, en Corée du Sud. Ce niveau de préservation s’explique par les zones intertidales argileuses et compactes qui entourent la région.

Ces zones humides, appelées « getbol », contiennent des boues riches en matière organique. Elles créent un environnement marin totalement privé d’oxygène, ce qui ralentit considérablement la décomposition naturelle. Comme un sarcophage naturel, la vase isole les objets, les protégeant des chocs et des agressions marines.

Ainsi, grâce aux eaux calmes, aux sédiments compacts et à l’enfouissement rapide, ces céramiques ont été figées naturellement dans un cercueil de vase. Une situation exceptionnelle en archéologie sous-marine, où l’on retrouve habituellement des fragments dispersés.

Un empilement intelligent des céramiques qui amortit les chocs du naufrage

Au-delà des conditions naturelles, les chercheurs ont aussi été impressionnés par l’ingéniosité du conditionnement médiéval. Les bols, soigneusement empilés les uns dans les autres, formaient des colonnes stables qui minimisaient les risques de casse.

À l’origine, des cordes ou de la paille maintenaient probablement ces piles. Cet agencement créait un dispositif de protection embarqué efficace, capable d’absorber les secousses. Ce savoir-faire logistique révèle la précision des artisans et marchands de l’époque Goryeo.

Une cargaison standardisée révélatrice d’un commerce organisé au XIIe siècle

L’homogénéité des objets retrouvés intrigue particulièrement. Chaque bol présente une taille, une forme et une finition similaires. Cela indique une production centralisée à vocation commerciale, sans doute destinée à une commande officielle ou à un réseau marchand bien établi.

Par ailleurs, les pièces ont été retrouvées ensemble, sans être mélangées ou dispersées. Cette disposition renforce l’idée d’un naufrage unique, survenu lors d’un transport structuré et soigneusement planifié. L’uniformité de l’ensemble appuie cette hypothèse logistique.

Taean, déjà reconnue pour ses nombreuses épaves, s’impose ainsi comme un point névralgique du commerce maritime coréen. Cette nouvelle découverte complète les fouilles précédentes sur les sites Mado 1 à 4, et affine notre compréhension des routes commerciales médiévales.

Quand les fouilles sous-marines bouleversent notre vision de l’archéologie

Cette trouvaille ne frappe pas seulement par la beauté des objets retrouvés, mais surtout par l’intégrité physique parfaitement conservée de l’ensemble. Les chercheurs assurent qu’aucune restauration n’a été nécessaire avant leur présentation.

En révélant des artefacts médiévaux dans un état presque neuf, cette fouille remet en cause la perception habituelle de l’archéologie sous-marine. Elle prouve que, dans certaines conditions naturelles, la mer peut aussi devenir une formidable gardienne de l’histoire.

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