Dernière reine de l’Ancien Régime, Marie-Antoinette continue aujourd’hui de faire couler beaucoup d’encre. Son règne a été marqué par une longue histoire d’incompréhension avec le peuple français. Reine trop jeune, trop éprise de libertés, elle a longtemps été accusée de dilapider la fortune de la Couronne pour ses plaisirs. Sa mort a marqué la fin d’une époque.

Une enfance viennoise

Marie-Antoinette de Habsbourg nait le 2 novembre 1755 à Vienne, au palais de la Hofburg. Elle est le quinzième enfant de l’empereur d’Autriche François Ier du Saint-Empire et de la célèbre  Marie-Thérèse. Son enfance est paisible, et malgré son statut de princesse, son instruction est fortement négligée. À 10 ans, elle lit et écrit très mal, et ne parle pratiquement aucune langue étrangère, ce qui était pourtant plus que nécessaire pour une princesse se destinant à être mariée, le plus souvent, à un prince étranger.

L’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, mère de Marie-Antoinette

Au cours de son enfance, elle rencontre de nombreuses personnes, parmi lesquelles Mozart, alors enfant comme elle. On raconte que, le 13 octobre 1762, Mozart, invité à se produire au palais de Schönbrunn, aurait demandé la jeune Marie-Antoinette en mariage.

Marie-Antoinette vit une enfance heureuse et plutôt insouciante, entourée d’une famille qui, malgré son rang, est très unie et se ménage des moments d’intimité. Ses parents avaient conclu un mariage d’amour, autant que politique, et ils étaient fortement impliqués dans l’éducation de leurs enfants. Quand elle a 9 ans, son père meurt, et l’impératrice portera toute sa vie le deuil de son défunt mari.

― Everett Collection / Shutterstock.com

Mariée adolescente

La stratégie de Marie-Thérèse d’Autriche pour que son pays conserve son influence sur le reste de l’Europe consiste, non pas à s’enliser dans des guerres multiples et sans fin, mais à créer des alliances par les mariages. La jeune Marie-Antoinette va en faire les frais, puisque à peine adolescente, une union est conclue entre Marie-Thérèse et le roi de France Louis XV, avec le jeune dauphin de France, le futur Louis XVI. Toutefois, l’éducation de la jeune archiduchesse comportant de nombreuses lacunes, elle passe les années suivantes à apprendre assidûment le français, l’étiquette (l’ensemble des règles édictant la vie à la cour) de Versailles, beaucoup plus rigide que celle de Vienne, à s’habiller comme à Versailles, se coiffer, la danse… même sa dentition est scrutée avec attention.

Louis XVI, alors dauphin de France

À 14 ans, elle quitte définitivement Vienne et sa famille pour épouser le futur roi de France. Arrivée à la frontière, elle doit participer à la cérémonie de « remise d’épouse ». Cette tradition consiste à délester la future dauphine de tous les biens lui appartenant, y compris tous ses vêtements, et de la revêtir selon la mode française, afin de symboliser qu’elle appartient désormais à la France.

Une intégration difficile à la cour

À son arrivée à la cour de Versailles, la jeune dauphine devient l’espoir d’une cour qui s’ennuie depuis que le roi Louis XV vieillit. Toutefois, la lune de miel entre la nouvelle dauphine et la cour est de courte durée. Marie-Antoinette ne supporte pas l’étiquette bien trop rigide de la cour de Versailles, comme le montre cette scène du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola, sorti en 2006 :

Contrairement à ce qu’impose la coutume, la reine choisit elle-même son cercle d’amis, avec qui elle aime s’isoler, jouer aux cartes, où elle peut perdre des sommes considérables, ce qui amènera le roi à faire interdire certains jeux. Ses amis, parmi lesquels la princesse de Lamballe, la sulfureuse duchesse de Polignac, ou encore le comte suédois Axel von Fersen, dont on pense qu’il a été son amant, suscitent la jalousie des vieilles familles nobles de la cour, qui s’indignent que la reine ne leur offre pas plus d’attention. Elle aime également passer le plus clair de son temps dans son hameau à Trianon, petit havre de paix au coeur du parc de Versailles, que son mari lui a offert. Elle y fait construire un véritable jardin à l’anglaise, et c’est véritablement ici qu’elle se réfugie pour échapper au carcan étouffant de la cour.

Marie-Antoinette a également mauvaise presse auprès de l’opinion, du fait qu’elle tarde à donner un héritier à la Couronne de France. En effet, son mariage avec Louis XVI n’est consommé que 8 ans après, la timidité maladive de Louis XVI, ainsi que son désintérêt pour la chose, étant notamment en jeu, malgré la grande affection qu’il portait à sa femme. Cette dernière met au monde, en 1778, son premier enfant, une fille, Marie-Thérèse, surnommée « Madame Royale », seule enfant du couple à atteindre l’âge adulte. En effet, le dauphin Louis-Joseph meurt à la veille de la Révolution française, tandis que son frère, Louis Charles, futur et éphémère Louis XVII, meurt à 10 ans à la prison du Temple. Enfin, la benjamine, Sophie, meurt à 11 mois seulement. Marie-Antoinette tient à élever elle-même ses enfants, en leur insufflant une éducation moderne, fortifiée par la philosophie des Lumières.

Marie-Antoinette et ses enfants

La dernière reine de l’Ancien Régime

Plus le temps passe, plus la popularité de Marie-Antoinette baisse. La détestation des Français pour leur reine atteint son paroxysme en 1785, lors de l’affaire dite du collier de la reine. Pour comprendre cette affaire, il faut remonter quelques années en arrière. Des joailliers parisiens, au début du règne de Louis XVI, avaient tenté de lui vendre une magnifique parure de diamants, mais le couple royal avait refusé devant l’exorbitance du prix, celui-ci atteignant la modique somme de 1 600 000 livres. Le prince-cardinal de Rohan, alors en disgrâce auprès de la reine, est dupé par des escrocs qui lui promettent que, s’il achète le collier au nom de la reine, celle-ci lui accordera ses faveurs. Le cardinal achète donc le collier, mais les escrocs s’enfuient avec. Les joailliers réclament donc l’argent à la reine. L’affaire éclate, et l’opinion, déjà durement éprouvée par la crise économique, accable la reine de reproches, alors qu’elle est innocente.

Une reconstitution du collier de la reine © Château de Breteuil / Wikimedia Commons

Il n’en est toutefois pas moins vrai que les dépenses effrénées de la reine par le passé n’ont pas joué en sa faveur. Passionnée de mode, elle choisit ses robes avec sa modiste, Rose Bertin, que l’on surnomme la « ministre des modes ». Ses toilettes, ainsi que ses coiffures, très hautes, créées par son coiffeur Léonard, la ridiculisent aux yeux de l’opinion, qui lui reproche de dépenser des sommes considérables. Elle est très vite surnommée « Madame Déficit ».

Lorsque la Révolution éclate, la famille royale réalise très vite qu’elle n’est plus en sécurité en France. Aidée du comte de Fersen, ils tentent de fuir vers l’est, toutefois leur fuite est stoppée à Varennes. La famille royale revient aux Tuileries sous haute escorte. La désormais ci-devant reine, comme on l’appelle alors, tente de convaincre son époux de chercher de l’aide auprès des souverains européens, parmi lesquels son frère, l’empereur d’Autriche, et donc de trahir son pays. Mais les révolutionnaires prennent d’assaut le palais des Tuileries et enferment la famille royale à la prison du Temple. Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793. Marie-Antoinette est alors transférée à la Conciergerie, où elle doit subir en permanence la surveillance de deux soldats, en plus de souffrir d’un cancer du col de l’utérus. Elle est guillotinée à son tour le 16 octobre 1793. Son fils, le petit et officieux Louis XVII, meurt en prison à 10 ans, et sa fille est finalement renvoyée à sa famille autrichienne, en échange de prisonniers politiques français. Celle qui a toute sa vie été surnommée « l’Autrichienne » aura finalement laissé à la France un héritage à la fois beau et terrible.

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athena
athena
3 années

C’est un volcan islandais, le laki, qui a précipité le déclin de l’Europe à l’époque et la famine en France. Ce dont on a accusé la famille royale ! Le roi était tenu à l’écart des problèmes de tous ordres, dont les conspirations, traitrises, de sa cour. Il est mort… Lire la suite »