Femme pionnière, Amelia Earhart a, au cours de sa courte vie, marqué l’histoire de l’aviation. Sa vie flamboyante et sa fin mystérieuse en font une femme incontournable de l’histoire du XXe siècle, et un modèle de ténacité pour toutes celles qui croient en leurs rêves.
UNE JEUNE FILLE NON CONVENTIONNELLE
Amelia Earhart est née le 24 juillet 1897 au Kansas, son grand-père maternel est un notable de la ville d’Atchiston et sa mère, Amelia « Amy » Otis Earhart (1869–1962) ne souhaite pas élever ses filles de manière conventionnelle. Aussi, Amelia et sa petite sœur sont des jeunes femmes très libérées pour leur époque.
A 23 ans, elle vit son baptême de l’air, c’est une révélation ! Son travail d’assistante sociale lui permet de se payer des leçons de pilotage, puis un biplan Kinner Airstar jaune vif nommé le Canary.
L’AVIATRICE DE TOUS LES RECORDS
A bord du Canary, le 22 octobre 1922, à l’âge de 25 ans et seulement deux ans après son baptême de l’air, elle bat un premier record d’altitude en atteignant 4 300 mètres (soit 14 000 pieds), une première pour une femme à cette époque.
Mais il faut attendre 1928 pour que son nom entre réellement dans la légende lorsqu’elle devient la première femme à traverser l’Atlantique en avion. Cette proposition d’Hilton Railey, collaborateur de Putnam, son futur époux, l’enthousiasme, et elle accepte, sachant que cinq femmes ont tenté l’aventure l’année précédente, et que trois ont disparu en mer.
Cette expérience frustre quelque peu l’aviatrice car, lors de cette traversée événement, elle est accompagnée, pour plus de sécurité, de deux pilotes, Wilmer Stultz et Louis Gordon qui s’occupent de toute la partie technique, laissant à Amelia Earhart le soin de tenir le journal de bord de l’équipée. Toutefois, leur retour aux États-Unis est triomphal et le trio est reçu à la Maison-Blanche par le président Coolidge. Devant les journalistes, elle affirme vouloir retenter l’expérience, mais en solo cette fois. Il lui faut attendre quatre ans pour réaliser ce nouveau rêve.
EN 1928, ELLE DEVIENT LA PREMIÈRE FEMME À TRAVERSER L’ATLANTIQUE EN AVION
Toujours en 1928, elle est la première femme à traverser les USA en solo, de New York à Los Angeles, aller-retour. En 1931, elle est déclarée première femme à piloter un autogire, et elle en profite pour décrocher un nouveau record d’altitude (15 000 pieds).
ELLE EST DÉCORÉE DE LA FLYING CROSS, DEVENANT LA PREMIÈRE FEMME À PORTER CET INSIGNE
Un an plus tard, elle est la première personne à traverser les États-Unis en autogire. Le 20 mai 1932, elle s’envole seule de Terre-Neuve en direction de Paris à bord d’un Lockheed Vega. 14 heures et 56 minutes plus tard, elle arrive en Irlande et devient la seconde personne après Charles Lindbergh en 1927 à traverser l’Atlantique en solitaire. Elle est également la première femme de l’histoire à accomplir cet exploit et la première personne à survoler deux fois l’Atlantique.
Pour ses exploits dans le domaine de l’aviation civile, elle est décorée de la Flying Cross, devenant la première femme à porter cet insigne. Elle reçoit également la médaille d’or de la Société nationale de géographie et est décorée le 4 juin 1932 de la Légion d’honneur par le ministre de l’Air Paul Painlevé.
En 1935, elle effectue trois nouveaux vols spectaculaires. Le 11 janvier, elle est le premier pilote à effectuer un vol en solitaire entre Honolulu (Hawaï) et Oakland (Californie). Ensuite, elle effectue, pour la première fois dans l’histoire de l’aviation, un vol en solitaire entre Los Angeles et Mexico.
Enfin, toujours la même année, Amelia Earhart est la première personne à effectuer un vol en solitaire et sans escale entre Mexico et Newark (New Jersey) en 14 heures et 19 minutes. Entre ses différents records, elle assurait des tournées promotionnelles pour son livre et donnait des conférences publiques.
UNE DISPARITION ÉNIGMATIQUE ET DES RECHERCHES INFRUCTUEUSES
En 1937, elle se lance dans un projet encore plus ambitieux en souhaitant devenir la première femme à réaliser un tour du monde en avion. Pour ce long voyage, elle est accompagnée du navigateur Fred Noonan. Son projet est de passer par l’équateur, vers l’est, à bord d’un bimoteur Lockheed Electra 10-E.
Le voyage débute le 20 mai sous de bons auspices mais, le 2 juillet 1937, le bimoteur disparait dans l’océan Pacifique alors qu’il devait approcher de la petite île Howland où une piste et un ravitaillement étaient prévus pour repartir ensuite vers Hawaï. En fin de journée, à 19h12, Amelia et son copilote lancent un premier signalement indiquant leur présence, mais l’absence de visuel et un taux de carburant très bas. Le message a été capté par l’Itasca, un navire des gardes-côtes américains venus sur place à leur rencontre, mais les marins ne virent ni n’entendirent jamais l’avion. Après plusieurs échanges radio, le bimoteur a cessé d’émettre vers 20h30 sans laisser de trace.
Bien que les tensions avec le Japon soient déjà bien présentes dans cette région du Pacifique, Roosevelt, le président des USA, lance de grandes recherches pour retrouver l’avion disparu et ses deux pilotes.
Pendant plus d’une semaine, le cuirassier Colorado et des hydravions ont fouillé la zone supposée de l’amerrissage ainsi que les îles alentour, mais ni les corps ni les débris de l’avion n’ont été retrouvés. L’époux d’Amelia, George Putnam, a, pour sa part, poursuivi les recherches jusqu’en octobre.
UN MYSTÈRE TOUJOURS ENTIER
De nombreux radioamateurs témoignent avoir reçu des appels radio émanant d’Amelia Earhart et de Fred Noonan, parfois à une grande distance, le jour de leur disparition et les jours suivants. Cependant, il se peut qu’une partie de ces messages aient été émis par la marine américaine à la recherche des deux aviateurs.
En l’absence de traces ou de vestiges, les hypothèses se multiplient et les recherches modernes peinent à éclairer le mystère. Certains pensent ainsi que les deux aviateurs ont été repêchés par la marine japonaise qui les a alors transférés dans un camp de prisonniers. La tension entre le Japon et les USA était déjà forte en 1937. Les deux aviateurs seraient morts en détention. Mais le gouvernement japonais assure ne pas avoir de documents relatifs à cette captivité. Toutefois, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les autorités japonaises ont détruit une grande partie des archives militaires.
EN L’ABSENCE DE TRACES OU DE VESTIGES, LES HYPOTHÈSES SE MULTIPLIENT ET LES RECHERCHES MODERNES PEINENT À ÉCLAIRER LE MYSTÈRE
En 1940, un officier britannique trouva, sur l’île de Nikumaroro, treize os dont un crâne, ainsi que les restes d’une chaussure d’homme et d’une chaussure de femme, une boîte de sextant, un pot de crème pour les mains et un pot de crème contre les taches de rousseur. On sait qu’Amelia n’appréciait pas les siennes. Il les envoya alors aux îles Fidji pour analyse où le docteur Hoodless, médecin principal de l’école de médecine des îles Fidji, conclut que les os étaient ceux d’un homme d’environ 1,66 m.
Hélas, les restes sont aujourd’hui introuvables, eux aussi. Un récent réexamen des notes du docteur par deux anthropologues médico-légaux, demandé par The International Group for Historic Aircraft Recovery (TIGHAR), conclut que les os étaient plus probablement ceux d’une femme que d’un homme, et plus probablement d’origine nord-européenne, sans certifier qu’ils s’agit bien de ceux d’Amelia Earhart. Récemment, Ann Ross, anthropologue judiciaire, a remis en cause le document original et la méthode de réexamen.
En décembre 2010, une équipe universitaire annonce avoir trouvé trois fragments d’os qui pourraient être ceux d’un doigt humain dans la zone de l’île où les restes avaient été précédemment découverts. L’analyse ADN n’a pas permis, avec les moyens actuels, de confirmer que ces fragments étaient d’origine humaine. Les chercheurs attendent de nouvelles technologies pour reprendre leurs recherches.
En août 2012, des scientifiques ont retrouvé, lors de recherches sous-marines, des éléments ressemblant aux restes d’un train atterrissage. De nombreux habitants des îles Marshall affirment que les deux aviateurs ont survécu au crash de leur appareil et ont été faits prisonniers par l’armée japonaise. Depuis 1988, le TIGHAR a lancé le projet Amelia Earhart, qui vise à collecter et analyser tous les indices et témoignages possibles entourant sa disparition, il y a 80 ans, afin de percer le mystère.
En juillet 2017, l’affaire a connu un regain d’intérêt suite à la diffusion d’un documentaire de la chaîne History basé sur la découverte d’une photographie prise au Japon dans les années 30 montrant une femme de dos et un homme pouvant ressembler à Fred Noonan. Cependant, selon les collections en ligne de la Diète japonaise, cette photographie daterait de 1935, soit deux ans avant les événements précités, et d’âpres discussions ont lieu entre les spécialistes autour des éléments fournis par ce documentaire.
LE MYSTÈRE DE SA DISPARITION RESTE ENTIER
Ainsi, malgré presque trente ans de recherches menées par TIGHAR, des millions investis, des dizaines d’experts convoqués, la déclassification d’une partie des archives militaires et les annonces fracassantes régulières, le mystère de la disparition d’Amelia Earhart et de Fred Noonan reste entier et continue d’alimenter un grand nombre de théories plus ou moins farfelues. D’autant plus qu’Amelia Earhart est une héroïne américaine mondialement connue et souvent citée par la pop culture féministe.
En effet, bien qu’Earhart ne se soit jamais explicitement définie comme féministe, ses actions de femme libre et indépendante plaident pour la cause. Ainsi, Amelia Earhart est citée dans de nombreux livres, films, chansons et est le sujet de plusieurs biopics plus ou moins romancés qui continuent de perpétuer sa mémoire dans l’imaginaire collectif.
Le parcours de cette femme atypique a beaucoup impressionné la rédaction. Si le destin des femmes pionnières vous intéresse, nous vous conseillons de découvrir la vie fabuleuse d’Isabella Bird ou encore le destin incomparable d’Alexandra David-Néel.