La Pologne est l’un des pays européens ayant les lois les plus strictes sur l’avortement. Le pays a décidé de durcir encore plus sa politique en la matière en interdisant l’avortement en cas de malformation grave du fœtus.
Une loi qui implique l’interdiction de presque tous les cas légaux d’avortement en Pologne
La Pologne possède déjà certaines des lois les plus restrictives sur l’avortement en Europe. Le tribunal constitutionnel du pays a décidé que cela n’était pas encore suffisant, et a déclaré qu’une loi de 1993 autorisant l’avortement en cas de graves handicaps fœtaux était inconstitutionnelle. Une fois cette décision entrée en vigueur, les avortements ne seront autorisés en Pologne qu’en cas de viol, d’inceste ou lorsque la santé ou la vie de la mère est menacée. À noter que ces cas ne représentaient que 2,4 % des 1 100 cas légaux d’avortement qui ont eu lieu dans les hôpitaux polonais en 2019.
Cette décision a provoqué une vague d’indignation dans le pays, qui s’est traduite par des manifestations dans les rues du pays. Selon la BBC, la police antiémeute a même dû intervenir auprès des manifestants qui se sont réunis devant le domicile du vice-Premier ministre Jaroslaw Kaczynski. Ces manifestations interviennent alors que la Pologne est aux prises avec une deuxième vague d’épidémie de coronavirus et que les restrictions limitent la possibilité de manifestations de masse. Les politiciens de l’opposition pro-démocratique et féministe se sont également opposés à cette nouvelle interdiction.
Outre la population polonaise, le Conseil de l’Europe a également condamné cette décision, a rapporté The Guardian. La commissaire aux droits de l’homme, Dunja Mijatović, a notamment qualifié ce nouveau règlement de « triste jour pour les droits des femmes ». « Supprimer la base de presque tous les avortements légaux en Pologne équivaut à une interdiction et viole les droits de l’homme », a-t-elle ajouté dans une publication sur Twitter. Les groupes de défense des droits de l’homme ont également dénoncé la décision.
Une décision polémique, mais amplement satisfaisante pour le parti au pouvoir
Plusieurs d’entre eux, dont Amnesty International, le Centre pour les droits reproductifs et Human Rights Watch, ont même annoncé leur intention d’envoyer des observateurs indépendants à l’audience, a rapporté Euronews. Ils ont déclaré dans une déclaration commune : « Compte tenu de nos préoccupations de longue date et exprimées publiquement concernant les droits de l’homme, des femmes et des filles qui sont en jeu, nous considérons qu’il est essentiel d’observer les procédures dans cette affaire importante. »
Malgré la polémique, la Pologne a le soutien des militants anti-avortement, dont le groupe Stop Abortion. « Nous avons la confirmation que la sélection et le meurtre d’enfants soupçonnés de défauts génétiques ou de maladies ne sont pas compatibles avec la constitution polonaise. Le droit à la vie a été accordé, le droit à la vie a été reconnu », a déclaré Kaja Godek, une militante de Stop Abortion. Malgré les protestations, le président polonais Andrzej Duda et le parti catholique au pouvoir, Droit et justice (PiS), ont exprimé leur satisfaction face à cette décision, a rapporté France24. Par ailleurs, les opposants ont accusé le PiS d’avoir influencé le tribunal dans cette décision, a rapporté Reuters.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Le Monde
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Catégories: Actualités, Société
A n’en pas douter, le parti au pouvoir est catholique pratiquant à 100 % et non laïque sinon les polonaises auraient toujours droit à l’avortement.