Des analyses sédimentaires ont offert un aperçu aussi précieux qu’inquiétant de la quantité de microplastiques piégés au fond de la mer Méditerranée, conséquence de la production et de la consommation mondiales de ce matériau durant la seconde moitié du XXe siècle.
Des niveaux insoupçonnés de microplastiques découverts dans les sédiments marins
On estime que quelque 230 000 tonnes de déchets plastiques finissent chaque année dans la Méditerranée, où ils se décomposent en minuscules fragments sous l’effet des UV, des vagues et du sel. Si les niveaux de telles particules dans les océans du globe ont été largement documentés au fil des années, la part se retrouvant piégée dans les sédiments reste nettement plus obscure.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Environmental Science and Technology, des chercheurs des universités d’Aalborg et de Barcelone ont prélevé des carottes sédimentaires dans la Méditerranée occidentale et utilisé une technologie d’imagerie avancée afin d’évaluer la quantité de fragments de plastique de 11 micromètres au niveau du fond marin.
L’équipe a découvert que la concentration de tels microplastiques avait triplé depuis 2000 et que ceux-ci conservaient en grande partie leur intégrité une fois déposés. Une absence de dégradation qui serait potentiellement due à un manque d’érosion, d’oxygène ou de lumière.
« Le processus de fragmentation a lieu principalement dans les sédiments des plages, à la surface de la mer ou dans la colonne d’eau », explique Patrizia Ziveri, co-auteure de l’étude. « Une fois déposé, la dégradation est minime, si bien que les plastiques des années 1960 restent au fond de la mer, y laissant la signature de la pollution humaine. »
Le reflet de la production et l’utilisation mondiales des plastiques entre 1965 et 2000
Les auteurs de l’étude ont pu établir une chronologie de la pollution plastique dans les fonds marins, et affirment que la nature des particules s’accumulant dans ce point chaud reflète la production et l’utilisation mondiales de tels matériaux entre 1965 et 2000.
« Cela nous a permis de voir comment, depuis les années 1980, mais surtout au cours des deux dernières décennies, l’accumulation de particules de polyéthylène et de polypropylène provenant d’emballages, de bouteilles et de films alimentaires a augmenté, ainsi que de polyester provenant de fibres synthétiques dans les tissus d’habillement », conclut Michael Grelaud, co-auteur de l’étude.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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