Si la pollution terrestre et ses conséquences sur l’environnement et les organismes vivants sont aujourd’hui largement documentées, de nouvelles recherches révèlent l’ampleur de ce phénomène sur Mars.
Plus de 7 tonnes de déchets issus des missions spatiales
Bien qu’aucun être humain n’ait encore posé le pied sur la planète rouge, Mars est déjà jonchée de plus de 7 tonnes de déchets provenant des 18 objets de fabrication humaine y ayant été envoyés au cours des cinq dernières décennies. Selon Cagri Kilic, chercheur postdoctoral en robotique à l’université de Virginie-Occidentale, ces débris proviennent de trois sources principales : le matériel abandonné, les engins spatiaux inactifs et les engins spatiaux s’étant écrasés.
Chaque mission sur Mars implique un module de protection du vaisseau spatial, qui comprend un bouclier thermique pour protéger l’appareil lorsqu’il traverse l’atmosphère de la planète, ainsi qu’un parachute et du matériel visant à assurer un atterrissage en douceur à sa surface. Au cours de sa descente, le vaisseau se débarrasse de certaines parties du module, qui peuvent atterrir à différents endroits, se fragmenter lorsqu’ils touchent le sol, et être ensuite dispersés par les vents martiens. Au fil des ans, une grande quantité de ce type de détritus ont été repérés sur la planète rouge.
Les neuf vaisseaux spatiaux inactifs actuellement abandonnés sur Mars constituent le deuxième type de débris, bien que « ces derniers soient davantage considérés comme des reliques historiques que comme des déchets », explique Kilic. Enfin, les vaisseaux spatiaux qui se sont écrasés et leurs pièces constituent une autre source importante de déchets.
« Si vous additionnez la masse de tous les vaisseaux spatiaux qui ont été envoyés sur Mars, vous obtenez environ 9 979 kilogrammes. Soustrayez le poids des vaisseaux actuellement opérationnels à sa surface [2 860 kilogrammes] et vous vous retrouvez avec 7 119 kilogrammes de débris d’origine humaine sur Mars », détaille Kilic dans un article publié dans The Conversation.
Des fragments suivis de près
Cette quantité de déchets présente des risques pour les missions actuelles et futures sur la planète rouge. Les équipes en charge du rover Perseverance répertorient actuellement tous les débris qu’elles trouvent afin de s’assurer qu’aucun d’entre eux ne contaminera les échantillons que l’engin collecte. Récemment, les ingénieurs de la NASA ont également étudié la possibilité qu’ils perturbent la progression de Perseverance, mais ont conclu que le risque était plutôt faible.
Selon Kilic, « la véritable raison pour laquelle les débris sur Mars sont importants est leur place dans l’histoire. Les vaisseaux spatiaux et leurs morceaux sont les premiers jalons de l’exploration planétaire humaine. » Pourtant, la question de savoir si ces objets peuvent être considérés ou non comme des artefacts historiques précieux reste sujette à débat.