Des archéologues ont examiné le contenu d’un fémur animal évidé vieux d’environ deux millénaires. Mis au jour aux Pays-Bas, sur le site d’une ancienne colonie rurale romaine, l’artefact s’est avéré renfermer des centaines de graines d’une plante toxique.
De la jusquiame noire
Appartenant à la famille des solanacées, la jusquiame noire (Hyoscyamus niger) est à la fois réputée pour ses propriétés médicinales et ses puissants effets hallucinogènes. Bien que des graines similaires aient été trouvées sur des sites archéologiques d’Europe remontant jusqu’à 5 500 avant notre ère, déterminer si elles étaient ou non destinées à être consommées constituait un véritable défi.
« Cette plante étant connue pour pousser à proximité des établissements humains, ses graines peuvent se retrouver naturellement sur ce type de sites », souligne Maaike Groot, zooarchéologue à l’université libre de Berlin et auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Antiquity.
Les archéologues ont déterminé que les graines de jusquiame noire avaient été délibérément placées à l’intérieur de l’os de 7,2 centimètres de long, provenant vraisemblablement d’un mouton ou d’une chèvre. Il s’est également avéré que l’artefact, remontant au premier siècle de notre ère sur la base des autres objets romains trouvés à proximité, avait été scellé à l’aide d’un bouchon fait d’écorce de bouleau noir.
Une première
Selon Groot, il s’agit de la première preuve physique de l’utilisation de la plante par les Romains, suggérant qu’elle était consommée à travers tout l’empire, ainsi que du premier cas connu de stockage délibéré de ses graines.
« Les futurs spécimens de jusquiame noire devront être étudiés en tenant compte du contexte de sa découverte et de sa relation avec d’autres plantes médicinales », estime-t-il.
Si la grande majorité des sources romaines connues indiquaient que la jusquiame noire était utilisée à des fins médicinales, l’auteur et naturaliste Pline l’Ancien (23 à 79 de notre ère) précisait que ses graines pouvaient provoquer « folie et vertiges ».
Par Yann Contegat, le
Source: Live Science
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