Pour la première fois depuis près d’un siècle, un nouveau genre de plante a été découvert au Japon. Particulièrement étranges, ces végétaux montrent que mêmes les zones bien explorées peuvent abriter une biodiversité insoupçonnée.
Relictithismia kimotsukiensis
Si l’étrange végétal avait été initialement découvert dans la région de Kimotsuki, sur l’île de Kyushu, par un botaniste amateur en juin 2022, ce n’est que très récemment qu’il a pu être décrit scientifiquement. À ce jour, seules cinq de ces plantes ont été observées dans une zone très restreinte, impliquant que leur population totale ne dépasse probablement pas une cinquantaine de spécimens.
Mesurant trois centimètres de haut pour environ deux de large, Relictithismia kimotsukiensis ne sort de terre qu’une semaine par an. Elle appartient à la famille des thismiacées, ou lanternes de fée, ne produisant pas de chlorophylle (pigment vert nécessaire à la photosynthèse) et se nourrissant exclusivement du mycélium des champignons présents dans le sol.
« Une telle adaptation se traduit par des apparences qui peuvent sembler étranges par rapport aux plantes photosynthétiques plus familières », explique Kenji Suetsugu, de l’université de Kobe. « L’aspect unique de cette nouvelle espèce de plante évoque effectivement des images de calamars ou d’êtres extraterrestres, ce qui en fait un ajout vraiment inhabituel et fascinant au monde botanique. »
Une longue quête
Près d’un an de recherches ont été nécessaires pour localiser la plante après que Suetsugu et ses collègues en ont entendu parler pour la première fois. Le scientifique évoque un moment de joie et de soulagement, car ils craignaient initialement que plus d’une décennie soit nécessaire pour collecter ces spécimens possédant une période de floraison extrêmement courte et les décrire.
« Cette trouvaille remet en question l’idée selon laquelle les nouvelles espèces ne peuvent être découvertes que dans des territoires éloignés ou inexplorés, suggérant au contraire que même des régions bien étudiées peuvent abriter des trésors botaniques bien cachés », soulignent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans le Journal of Plant Research.
Pour l’équipe, la prochaine étape consistera à étudier les interactions subtiles entre l’espèce et ses hôtes fongiques, ainsi que l’influence du changement climatique sur celle-ci. En raison de la rareté de R. kimotsukiensis et de sa proximité avec des zones fréquentées (elle a été trouvée près d’une route de montagne), les chercheurs espèrent que le gouvernement japonais la classera comme espèce en voie de disparation et prendra les mesures nécessaires pour assurer sa conservation.