Sur l’île de Wight, située au sud de l’Angleterre, des plantes qui poussent habituellement dans des régions chaudes du monde se sont mises à se reproduire. Ces Cycadales poussent naturellement de nouveau au Royaume-Uni, pour la première fois depuis 60 millions d’années. Explications.
Une preuve du changement climatique
Ces deux cycas (un type de plante primitif qui dominait la flore terrestre il y a de cela 280 millions d’années) ont produit pour la première fois des cônes, mâles et femelles. L’expérience date en réalité d’il y a 20 ans, quand le jardin botanique de Ventnor a décidé de planter des espèces totalement subtropicales en Angleterre.
Les premières années furent évidemment difficiles, avec une mauvaise adaptation de ces spécimens, et globalement une survie plus que limitée. En revanche, plus les années avançaient, plus la survie des plantes s’améliorait. À titre d’exemple, cela fait déjà 15 ans que l’équipe du jardin botanique est capable de faire passer les hivers en extérieur à ces plantes pourtant issues de régions bien plus chaudes de notre planète.
Ainsi, certaines des plantes qui datent d’il y a plusieurs dizaines de millions d’années ont commencé à se reproduire. Il y a cinq ans, un plan mâle de cycas a produit un cône de reproduction. En revanche cette année, ce sont deux cycas revoluta, mâle et femelle, qui ont chacun produit un cône. Pour les scientifiques, il n’en fallait pas plus pour apporter une nouvelle preuve irréfutable du changement climatique, qui intervient même en Europe du Nord. Dans un climat qui ne serait pas déréglé, ce genre de plantes serait incapable de se reproduire à cette latitude.
En savoir plus sur ces espèces
Tout d’abord, on pense que les Cycadales de l’île en question sont des restes de plantes qui vivaient dans cette même région, il y a des millions d’années. À l’époque, l’île de Wight était bien plus chaude, et faisait alors partie de ce que l’on appelait la Pangée. Dorénavant, les quelques spécimens qui existent sont situés dans les régions tropicales du monde, où le climat est bien plus propice à leur développement.
Pour que les Cycadales puissent se reproduire, les graines libérées par le cône mâle doivent parvenir aux plantes qui produisent des cônes femelles. Dans des régions comme le Royaume-Uni, la reproduction était possible mais devait passer par la main de l’homme, car le climat est trop froid pour que les cônes apparaissent. Désormais, avec le réchauffement climatique, c’est globalement toute l’Europe du Nord qui a connu plusieurs étés chauds consécutifs et, dans le même temps, des hivers plus doux qu’à l’accoutumée.
D’ailleurs, pour la reproduction de ces plantes, il ne suffit pas d’un seul été chaud et d’un hiver doux. Non, cela doit s’étendre sur plusieurs années. Ainsi, c’est une nouvelle preuve du changement climatique, et du réchauffement global de la planète.
Pour les botanistes qui s’occupaient de ces plantes depuis plusieurs années, l’apparition des cônes mâles et femelles est considérée comme “extraordinaire”. Comme le souligne le conservateur du jardin Chris Kidd à une équipe de CNN, cet exploit est, dans le même temps, malheureusement le signe de la réalité dramatique du changement climatique…
Par Benjamin Cabiron, le
Source: Siècle Digital
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